Monaco-Matin

Fou de cinoche

Johnny a joué dans une quarantain­e de films, une pièce de théâtre et une série TV. Le plus souvent dans son propre rôle, mais aussi en gangster, en flic... Et même en torero!

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Plus qu’à Elvis, c’est à James Dean, dont il avait le crin blond et le regard de husky, que Johnny a toujours voulu ressembler. Son amour pour le cinéma américain était au moins aussi grand que celui qu’il portait au rock et sans doute l’a-t-il précédé. Jusqu’à la fin de sa vie, Johnny a regardé au moins un film par jour : la scène du film de Lelouch, dans lequel on le voit regarder Rio Bravo pour la énième fois avec son copain Eddy Mitchell, est une simple reconstitu­tion de la réalité. Johnny a joué dans une quarantain­e de longs métrages. Avec des fortunes diverses : adepte de la méthode Actor’s Studio, Johnny-acteur paraît souvent décalé, pour ne pas dire à côté de la plaque. Il fera pourtant une prestation remarquée au théâtre en 2011 dans Le Paradis sur Terre de Tennessee Williams et tiendra le rôle-titre d’une série policière à succès, David Lansky, inspiré par l’inspecteur Harry de Clint Eastwood…

Trois films avec Lelouch

Le jeune Jean-Philippe Smet fait une première apparition au cinéma en 1955 dans Les Diabolique­s d’Henri-Georges Clouzot. Beau début, même s’il n’est pas crédité au générique. Par la suite, sa notoriété de chanteur lui permettra de tourner avec Godard moi? Son dernier Festival de Cannes, en , pour le film de Johnny To, Vengeance.

(Détective), grâce auquel il montre pour la première fois les marches du Festival de Cannes, Costa Gavras (Conseil de Famille) et Laetitia Pourquoi pas

« L’idée de caster Johnny en torero nous était venue avec Stéphane Foenkinos dans un moment de délire où on s’amusait à lancer les noms les plus improbable­s. Une chanson de Johnny est passée à la radio et on s’est regardés en se disant: Comme je savais qu’il cherchait des rôles et qu’il était

Masson (Love Me). Mais c’est Claude Lelouch qui l’emploiera le plus souvent : dans son propre rôle (L’Aventure c’est l’aventure, représenté par Artmédia comme moi, j’ai fait passer le mot, sans m’attendre à une réponse. On s’est rencontrés et il m’a dit qu’il avait beaucoup ri en lisant le scénario et qu’il voulait le faire. J’ai découvert alors un garçon très timide, totalement opposé à l’image de bête de scène que j’avais de lui. Le tournage à Barcelone s’est très bien passé, il a été adorable avec tout le monde et d’une totale humilité. Il s’est également investi dans la promo, défendant le film avec beaucoup de coeur et appuyant le message « gay friendly » qu’il véhiculait avec une grande conviction. « À cette époque, ce n’était pas évident pour une star populaire de son envergure de s’engager sur ce type de sujet. Par la suite, nous sommes restés en contact et une amitié s’est développée. Je suis allé le où il se fait kidnapper par la bande à Lino Ventura), dans celui d’un reporter photograph­e amoureux de Sandrine Bonnaire (Salaud, on voir en concert, puis au théâtre et lui est venu voir mon film suivant Bella Ciao, qui parlait, entre autres, des rapports père fils. À la fin, il était en larmes et il m’a dit :

On partageait plein de choses comme ça et on pouvait parler de tout. C’était quelqu’un de vraiment attachant. Fidèle et généreux en amitié. J’avais un copain qui était fan, et pour ses  ans je l’ai amené voir un concert de Johnny à l’Olympia. Il nous avait réservé les meilleures places et quand on est allé le remercier dans sa loge, il nous a retenus pour dîner avec Laeticia. Mon pote était aux anges. Quand j’ai appris qu’il était malade, je lui ai envoyé un petit mot et on s’est parlé. Il m’avait promis de venir me voir à Londres dès qu’il irait mieux. Il va me manquer ». t’aime) et dans celui d’un sosie (Chacun sa vie).

Rock’n’Roll forever

C’est peut-être dans ce dernier emploi qu’il est le plus crédible et émouvant. Comme dans Jean Philippe de Laurent Tuel, où il incarne un Johnny qui n’aurait pas réussi à percer dans la chanson. Amateur de westerns et de polars, Johnny rêvait d’Hollywood et assurait ces dernières années avoir un projet avec Quentin Tarantino. Mais sa carrière internatio­nale se résume à une parodie de Clint Eastwood dans Le Spécialist­e de Sergio Corbucci (1969) et une autre d’Alain Delon dans Vengeance de Johnny To (2009), un polar inspiré du Samouraï de Melville, qui lui vaudra tout de même de se retrouver en sélection officielle à Cannes... De l’avis général, son meilleur film reste L’Homme du train de Patrice Leconte (2002), dans lequel il joue Milan, un vieux braqueur en cavale recueilli par un retraité de l’enseigneme­nt incarné par Jean Rochefort. Un rôle qui lui vaudra de recevoir le Prix Jean Gabin. Mais c’est dans le film du Toulonnais Stéphane Giusti Pourquoi pas moi? (1999) qu’il fait sa compositio­n la plus étonnante... en torero ! En 2017, la dernière apparition de Johnny à l’écran (dans son rôle favori : luimême) aura été pour le nouveau film de Guillaume Canet. Son titre ? Rock’n’Roll. Ca ne s’invente pas... Le réalisateu­r toulonnais Stéphane Giusti a offert à Johnny son rôle le plus original.

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(Photo Serge Haouzi - Patrice Lapoirie) (DR)
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