Ils construisent l’avenir numérique de Monaco
Trente étudiants en informatique, tourisme, design et business viennent de passer deux semaines à Monaco pour élaborer des projets numériques destinés à faciliter la vie des touristes
Il y aura la saison 1, la saison 2 et la saison 3. Comme dans toute bonne série TV qui se respecte. La première saison de l’aventure «Smart City monégasque» a débuté en juillet dernier, avec l’arrivée sur le Rocher de Paul Jolie aux fonctions de conseiller numérique auprès du ministre d’État. Ce haut fonctionnaire français, spécialisé dans les télécommunications et le numérique – un polytechnicien qui a fait sa carrière chez France Telecom avant de diriger pendant dix ans l’informatique aux ministères des Affaires étrangères puis de l’Économie –, est détaché en Principauté pour mener ce grand projet au concept tout à fait séduisant.
Deux semaines d’immersion
Il consiste à demander à trente étudiants, aux spécialités très différentes, de travailler ensemble à l’élaboration de projets numériques destinés à construire la future Smart City monégasque. Il s’agit d’une série de nouveaux services destinés à faciliter la vie des touristes en Principauté. Ils sont jeunes, français et étrangers – dix nationalités sont représentées – et suivent des études en tourisme, informatique, design et business. Tout est parti d’un partenariat noué entre le gouvernement princier et l’association Matrice, affiliée l’École 42, fondée à Paris par Xavier Niel, et considérée aujourd’hui comme «la meilleure école de développement informatique
du monde», assure Paul Jolie. Le concept de cette école est hors norme: pas de cours, pas de profs, pas de diplôme délivré, gratuité totale. «La force de 42, c’est de nous permettre de travailler ensemble, résoudre des problèmes informatiques, de nous débrouiller pour finalement créer notre entreprise», complète Yann Darlet, l’un des étudiants de cette école singulière. Ces étudiants, qui ne se connaissaient pas voici trois semaines, viennent de passer quinze jours en Principauté. Une longue période d’immersion qui leur a permis de découvrir toutes les facettes du tourisme à Monaco. Ils ont quitté hier la Principauté pour entamer leur réflexion
sur la manière d’améliorer l’expérience touristique en Principauté grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. D’où l’intérêt de mélanger des étudiants aux spécialités si diverses. Aux quinze informaticiens de l’École 42, se mêlent ainsi des étudiants de deux masters en tourisme (Paris-Est Marnela-Vallée et Sorbonne nouvelle), de l’école de design Strate et de l’Edhec, business school basée à Lille et Nice.
Un « hackathon » en janvier
Ces trente étudiants ont un peu plus d’un mois pour faire germer des idées. Car début janvier, réunis en plusieurs
groupes, ils devront rendre leurs copies, en l’occurrence une dizaine de projets concrets (lire page suivante). Ils participeront alors à un «hackathon», un processus créatif fréquemment utilisé dans le domaine de l’innovation numérique. Le principe ? Pendant cinq jours, ils devront construire leur projet sous la forme de maquettes numériques ou physiques, afin de convaincre un jury de la pertinence de leur idée. Le 11 janvier, ce jury, présidé par le ministre d’État Serge Telle, se réunira à l’École 42 pour examiner tous les projets et en retenir six. Dès lors, tous les étudiants se répartiront par groupes de cinq pour construire, pour de bon,
ces six nouveaux services dédiés aux touristes. D’ici le mois de juin, ils auront créé leur startup et lancé leur projet dans le courant de l’été. Si tout se passe comme prévu, il aura donc fallu neuf mois pour créer six entreprises à fort potentiel d’innovation, six startups qui développeront des nouveaux services numériques destinés à améliorer la vie des touristes en Principauté. Les saisons 2 et 3 de la Smart City monégasque pourront alors être lancées, avec une nouvelle promotion d’étudiants.