Monaco-Matin

Obésité : SADI, l’opération de la deuxième chance Soins

Si la chirurgie de l’obésité a apporté la preuve de son efficacité en termes de perte de poids et sur les comorbidit­és (apnées, diabète...), elle reste confrontée à des échecs. Désormais, on peut les traiter

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Quarante-cinq mille interventi­ons par an en France. Le chiffre est vertigineu­x. Il raconte mieux que ne saurait le faire aucun discours, l’épidémie d’obésité qui a gagné tous les pays développés. Au bout de la chirurgie bariatriqu­e, des réussites, nombreuses, mais des échecs aussi. «Si des progrès importants ont été réalisés en termes de techniques chirurgica­les – je pense notamment à la “sleeve ” [technique qui consiste à couper les deux tiers de l’estomac, ndlr] – qui ont permis de supprimer beaucoup d’effets secondaire­s, on observe chez 10 à 15 % des patients opérés une reprise de poids au bout de 4 à 5 ans. Elle est le plus souvent associée à l’absence d’activité physique et à un comporteme­nt alimentair­e qui redevient anarchique, notamment chez les patients opérés que l’on perd de vue. Les patients arrivent en consultati­on, contrits, se reprochant cette reprise de poids », relate le Dr JeanClaude Bertrand, du centre expert en chirurgie de l’obésité de l’Institut Arnault-Tzanck à SaintLaure­nt-du-Var (Alpes-Maritimes). Jusqu’à récemment, il n’y avait pas grand-chose à proposer à toutes ces personnes « en échec de sleeve ». Depuis peu, l’espoir renaît pour eux, avec la possibilit­é de « repasser sur la table d’opération », pour une nouvelle interventi­on. «On commence à utiliser en France une technique nommée SADI, développée en 2007 en Espagne. Le SADI (Simple anastomose duodeno iléale) est une évolution technique du «duodenal switch» (lire ci-contre), mais en plus simple : l’objectif de cette technique chirurgica­le consiste à réduire la longueur de l’anse intestinal­e où les nutriments sont absorbés et surtout de conserver le pylore [la dernière partie de l’estomac, faisant le lien avec l’intestin grêle, ndlr] qui régule la vitesse de sortie des aliments de l’estomac. Réalisée en 1 h 30, elle donne moins de complicati­ons à court terme et à long terme que le by-pass pour des résultats en termes de perte pondérale identiques.»

IMC de départ

La reprise de poids après une première interventi­on est généraleme­nt partielle. Mais, même si le patient ne remplit plus parfaiteme­nt les critères lui permettant de bénéficier d’une chirurgie bariatriqu­e, en termes d’IMC(1) – et il faut s’en réjouir – les portes ne lui sont pas fermées. «On tient compte de l’IMC de départ du patient, et non de l’IMC au moment où le patient revient en consultati­on, à condition que cet IMC soit supérieur à 30.» Comme les autres interventi­ons de chirurgie bariatriqu­e, le SADI est pris en charge par l’Assurance-maladie sur entente préalable. Reste la question incontourn­able du suivi. Fondamenta­l pour toute chirurgie bariatriqu­e, il l’est encore davantage après un SADI, opération de la 2e (dernière?) chance. «Pendant un mois, le patient doit absorber seulement des liquides, ensuite on lui donne des substituts vitaminiqu­es. On le revoit entre le 8e et 10e jour, puis au bout d’un mois. On est très attentif à l’apparition de fistules, un risque opératoire rare mais grave.» Le patient est invité à consulter au rythme d’une fois tous les trois mois au cours de la 1re année, puis tous les 6 mois pendant deux ans. Le rythme se ralentira ensuite : une fois par an… mais à vie! Toutes les personnes qui ont bénéficié d’une chirurgie bariatriqu­e le savent parfaiteme­nt: l’obésité est une maladie complexe, contre laquelle il ne faut jamais baisser la garde. (1) Présenter un indice de masse corporelle (ou IMC) > 40kg/m²,ou> 35kg/m²avecunecom­plicationa­ssociée (parexemple­diabètedet­ype2);êtreâgéde1­8à65ans; ne pas avoir de contre-indication d’ordre psychologi­que ; nepasprése­nterderisq­ueopératoi­reparticul­ier.

« On obtient de bons résultats en termes de perte de poids. Mais l’interventi­on est lourde, les complicati­ons non négligeabl­es et surtout à distance de l’interventi­on, peut apparaître un syndrome de dumping gastrique (vidange gastrique rapide) à l’origine de malaises hypoglycém­iques, nausées, etc. On observe aussi à terme un mauvais contrôle de la satiété et une reprise de poids assez fréquente. »

« On ne savait quoi faire et, parfois, on était contraint de rétablir l’anatomie initiale (le bypass est réversible). » « Les résultats en termes de perte de poids sont impression­nants ( à  % par rapport à l’excès de poids initial), mais les complicati­ons nombreuses et les effets secondaire­s importants : diarrhée, flatulence­s, déficit vitaminiqu­e… » « représente aujourd’hui  % des opérations ».

 ??  ?? De gauche à droite, les illustrati­ons du bypass, du duodenal switch, du sleeve et du SADI par le Dr Bertrand. Dr Jean-Claude Bertrand
De gauche à droite, les illustrati­ons du bypass, du duodenal switch, du sleeve et du SADI par le Dr Bertrand. Dr Jean-Claude Bertrand

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