Obésité : SADI, l’opération de la deuxième chance Soins
Si la chirurgie de l’obésité a apporté la preuve de son efficacité en termes de perte de poids et sur les comorbidités (apnées, diabète...), elle reste confrontée à des échecs. Désormais, on peut les traiter
Quarante-cinq mille interventions par an en France. Le chiffre est vertigineux. Il raconte mieux que ne saurait le faire aucun discours, l’épidémie d’obésité qui a gagné tous les pays développés. Au bout de la chirurgie bariatrique, des réussites, nombreuses, mais des échecs aussi. «Si des progrès importants ont été réalisés en termes de techniques chirurgicales – je pense notamment à la “sleeve ” [technique qui consiste à couper les deux tiers de l’estomac, ndlr] – qui ont permis de supprimer beaucoup d’effets secondaires, on observe chez 10 à 15 % des patients opérés une reprise de poids au bout de 4 à 5 ans. Elle est le plus souvent associée à l’absence d’activité physique et à un comportement alimentaire qui redevient anarchique, notamment chez les patients opérés que l’on perd de vue. Les patients arrivent en consultation, contrits, se reprochant cette reprise de poids », relate le Dr JeanClaude Bertrand, du centre expert en chirurgie de l’obésité de l’Institut Arnault-Tzanck à SaintLaurent-du-Var (Alpes-Maritimes). Jusqu’à récemment, il n’y avait pas grand-chose à proposer à toutes ces personnes « en échec de sleeve ». Depuis peu, l’espoir renaît pour eux, avec la possibilité de « repasser sur la table d’opération », pour une nouvelle intervention. «On commence à utiliser en France une technique nommée SADI, développée en 2007 en Espagne. Le SADI (Simple anastomose duodeno iléale) est une évolution technique du «duodenal switch» (lire ci-contre), mais en plus simple : l’objectif de cette technique chirurgicale consiste à réduire la longueur de l’anse intestinale où les nutriments sont absorbés et surtout de conserver le pylore [la dernière partie de l’estomac, faisant le lien avec l’intestin grêle, ndlr] qui régule la vitesse de sortie des aliments de l’estomac. Réalisée en 1 h 30, elle donne moins de complications à court terme et à long terme que le by-pass pour des résultats en termes de perte pondérale identiques.»
IMC de départ
La reprise de poids après une première intervention est généralement partielle. Mais, même si le patient ne remplit plus parfaitement les critères lui permettant de bénéficier d’une chirurgie bariatrique, en termes d’IMC(1) – et il faut s’en réjouir – les portes ne lui sont pas fermées. «On tient compte de l’IMC de départ du patient, et non de l’IMC au moment où le patient revient en consultation, à condition que cet IMC soit supérieur à 30.» Comme les autres interventions de chirurgie bariatrique, le SADI est pris en charge par l’Assurance-maladie sur entente préalable. Reste la question incontournable du suivi. Fondamental pour toute chirurgie bariatrique, il l’est encore davantage après un SADI, opération de la 2e (dernière?) chance. «Pendant un mois, le patient doit absorber seulement des liquides, ensuite on lui donne des substituts vitaminiques. On le revoit entre le 8e et 10e jour, puis au bout d’un mois. On est très attentif à l’apparition de fistules, un risque opératoire rare mais grave.» Le patient est invité à consulter au rythme d’une fois tous les trois mois au cours de la 1re année, puis tous les 6 mois pendant deux ans. Le rythme se ralentira ensuite : une fois par an… mais à vie! Toutes les personnes qui ont bénéficié d’une chirurgie bariatrique le savent parfaitement: l’obésité est une maladie complexe, contre laquelle il ne faut jamais baisser la garde. (1) Présenter un indice de masse corporelle (ou IMC) > 40kg/m²,ou> 35kg/m²avecunecomplicationassociée (parexemplediabètedetype2);êtreâgéde18à65ans; ne pas avoir de contre-indication d’ordre psychologique ; nepasprésenterderisqueopératoireparticulier.
« On obtient de bons résultats en termes de perte de poids. Mais l’intervention est lourde, les complications non négligeables et surtout à distance de l’intervention, peut apparaître un syndrome de dumping gastrique (vidange gastrique rapide) à l’origine de malaises hypoglycémiques, nausées, etc. On observe aussi à terme un mauvais contrôle de la satiété et une reprise de poids assez fréquente. »
« On ne savait quoi faire et, parfois, on était contraint de rétablir l’anatomie initiale (le bypass est réversible). » « Les résultats en termes de perte de poids sont impressionnants ( à % par rapport à l’excès de poids initial), mais les complications nombreuses et les effets secondaires importants : diarrhée, flatulences, déficit vitaminique… » « représente aujourd’hui % des opérations ».