Il insulte un policier et regrette… deux ans après
Rouler sous le tunnel Louis-II… Cette portion mythique du circuit de F1, inciterait-elle les conducteurs à libérer toute l’énergie de leurs cylindrées ? Un quinquagénaire semble avoir eu la tentation de se laisser tenter par un désir de performance mécanique avec son deux-roues un jour de 2015. Sans penser aux policiers aux aguets pour surveiller ! Mais, à peine contrôlé pour vitesse excessive, vers 12 h 20, et interpellé alors qu’il venait de doubler un véhicule par la gauche, le cyclomotoriste s’emportait jusqu’aux outrages. À l’époque, l’infraction avait conduit cet administrateur de société devant le Tribunal correctionnel. Toutefois, absent à l’audience, il avait été condamné à un mois d’emprisonnement avec sursis par défaut et au versement de 200 euros réclamés par la partie civile.
« Je pestais contre le sort néfaste »
Bien tardivement, il faisait opposition au jugement et le prévenu
revenait en personne, mardi, à la barre. Il pouvait enfin s’expliquer sur les raisons de sa colère. « Vous
étiez manifestement mécontent, rappelle le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. Même très énervé, car le ton est monté et vous teniez des propos insultants à voix haute à l’encontre du fonctionnaire. Pourquoi lui avoir dit : “Ce n’est pas à vous que je m’adresse et amenez-moi au tribunal si vous le voulez ?” Vous aviez même fait ressortir des amitiés haut-placées pour l’intimider… » Ce résident de Monaco le reconnaît : «Oui! Je me suis emporté. J’avais de graves problèmes avec un chiffre d’affaires en baisse et l’obligation de licencier quatre employés. C’est pourtant vrai, je pestais contre le sort néfaste! Je ne m’adressais pas à l’agent. » Le temps aurait-il permis une prise de conscience à la vue d’un prévenu calme, sincère, humble et même modeste à l’audience ?
« Un état d’agacement désagréable »
« L’agent de police ne faisait que son travail, considère le procureur Alexia Brianti. Au lieu de prendre la remontrance avec la distance suffisante, ce monsieur a manifesté un état d’agacement désagréable. Jusqu’à lâcher une insulte destinée à être entendue avec une agressivité particulière. Au lieu de saisir une seconde chance, il va se vanter de connaître du monde haut-placé… Ce n’est pas tolérable d’être injurié. » Une peine d’amende de 1 000 euros à 1 500 euros sera requise. La défense préfère « shunter » les détails sur les mots que l’on prête au fautif. « Il n’est pas question de mettre en doute l’infraction reprochée, garantit Me Arnaud Cheynut. Son agacement, son écart de conduite, c’est la conséquence d’un exploitant de cinéma qui a perdu 60 % de son chiffre d’affaires. Au moment le plus critique de son avenir professionnel, les difficultés lui ont fait franchir l’interdit. Il est désolé ! Ne soyez pas sévère ! Faites l’application la plus juste de la loi pénale. » Le tribunal ramènera la peine à 800 euros d’amende. Il devra également s’acquitter du versement – devenu définitif – de la somme de 200 euros à la partie civile.