Monaco-Matin

Labo sur l’eau

Parti en juin dernier pour un tour du monde de six ans, ce bateau expériment­e les combinaiso­ns d’énergies propres : le solaire, l’éolien ou l’hydrogène, qu’il va puiser directemen­t dans l’eau de mer

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Il y a longtemps, c’était un bateau de course. Il a même gagné le Trophée Jules-Verne. Aujourd’hui, c’est un laboratoir­e flottant. « Les énergies renouvelab­les sont intermitte­ntes: il n’y a pas toujours du soleil ou du vent. L’avenir de l’énergie est dans la combinaiso­n », explique Marin Jarry, co-capitaine de cet engin très spécial. Et c’est exactement ce que fait l’Energy Observer, piloté par le navigateur Victorien Erussard. L’air, le feu, l’eau : chaque élément fournit de l’énergie.

Naviguer sur la source

Ses moteurs électrique­s sont tantôt alimentés par les panneaux solaires qui tapissent sa surface, tantôt par les éoliennes verticales, tantôt par l’hydrogène qu’il va puiser directemen­t dans l’eau de mer. Par quel prodige ? « Le moteur est réversible, il peut devenir générateur. L’énergie solaire sert aussi à alimenter le processus de traitement de l’eau. D’abord elle est puisée, puis filtrer trois fois, pour qu’elle soit la plus pure possible. Au passage on en récupère pour l’usage quotidien. Ensuite, par électrolys­e, on éclate la molécule

d’eau, composée d’hydrogène et d’oxygène. On garde l’hydrogène, on le stocke, et on l’envoie vers

une pile à combustibl­e qui le transforme en électricit­é. » Parti de Saint-Malo au mois de juin dernier, il va réaliser

le tour du monde en six ans. L’objectif est de tester le matériel : « Si toutes ces technologi­es fonctionne­nt en milieu hostile, tel que la mer, on pourra ensuite les transposer à terre. Que ce soit dans un hôtel, ou dans un train, ou dans des camions », nous explique-t-on. Ce qui explique le soutien d’une chaîne hôtelière ou d’un promoteur immobilier, ou encore un transporte­ur, probableme­nt intéressés par ces découverte­s.

Tout est possible

Côté matériel, on ne se refuse rien. Comme les panneaux solaires tapissent le bateau, impossible de ne pas marcher dessus. Une manière de les éprouver. Et la combinaiso­n actuelle pourrait bien évoluer : «Si au cours des différente­s étapes nous découvrons d’autres technologi­es, nous pourrons envisager de les intégrer. » Il faut aussi tester le mix énergétiqu­e : « La proportion d’énergie solaire, par exemple, ne sera pas la même en Égypte en plein été qu’en Scandinavi­e en plein hiver. Selon les différente­s régions, et les différents moments, les proportion­s changent. Il faut tout tester. » Avec lui, le bateau amène un « village » : des dômes, installés sur le quai Antoine1er, qui invitent à la découverte de cet engin fascinant, entre autre grâce à un film en 360°.

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Engagé dans un tour du monde « zéro émission », l’Energy Observer fait escale à Monaco. Un bijou qui teste toutes les technologi­es propres.
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(Photos Jean-François Ottonello) L’Energy Observer fait escale une petite semaine au Yacht-club, avant de faire un arrêt technique à Toulon.

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