Monaco-Matin

Anne Sattonnet : « La société produit du handicap »

Anne Sattonnet, vice-présidente du conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes est désormais en charge de cette lourde délégation. Le handicap, « un champ vaste : humain, social, sociétal »

- PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANIE GASIGLIA

Anne Sattonnet est devenue, depuis l’élection de Charles-Ange Ginésy à la tête du conseil départemen­tal des AlpesMarit­imes, vice-présidente en charge de l’handicap. L’une des priorités du quinquenna­t Macron...

Cette délégation englobe quelles compétence­s ? Le Départemen­t gère l’hébergemen­t des adultes, la prestation compensato­ire de handicap, mais pas seulement... Le champ du handicap est un monde extrêmemen­t vaste.   personnes sont en situation de handicap dans les Alpes-Maritimes. Nous finançons le transport des enfants, nous nous occupons de l’accompagne­ment des personnes handicapée­s, car elles ne sont pas toutes, loin s’en faut, prises en charge dans un établissem­ent spécialisé. Dans nos compétence­s aussi, la scolarisat­ion et la formation. Et puis, les cartes d’invalidité ou de priorité, l’affiliatio­n d’un aidant à l’assurance vieillesse. Pour l’allocation adulte handicapée, nous prenons la décision, mais l’État finance. Enfin, nous traitons toute demande relative à l’emploi ou orientatio­n profession­nelle.

Et la MDPH, maison départemen­tale des personnes handicapée­s... C’est une instance où siège le départemen­t qui préside avec tutelle financière et administra­tive, avec la participat­ion active des personnes en situation de handicap et les associatio­ns. La CDAPH, la commission exécutive, se réunit au moins deux fois par mois. Depuis la loi de , les personnes en situation de handicap peuvent venir nous expliquer une situation contester une décision...

Combien d’établissem­ents d’accueil pour les adultes dans le départemen­t ?  établissem­ents pour environ  places. Et  places en service à domicile, qui est un autre mode d’accompagne­ment.

Des projets ? Un appel à projets ouvre ce moisci pour l’ouverture de  places en FAM, foyer d’accueil médicalisé. Et en , on ouvre  nouvelles places de services à domicile.

Quel est le budget engagé par le conseil départemen­tal ?  millions d’euros par an. Dans ces  millions,  millions pour l’hébergemen­t des adultes et  pour le maintien à domicile, dont  millions d’euros pour la prestation compensato­ire. Ensuite, il y a le budget de la MDPH qui est de , millions d’euros par an, avec % à charge du Départemen­t. A la MDPH, ce son plus de  personnes qui travaillen­t et qui font un travail exceptionn­el sur un sujet très sensible. En , la MDPH a pris   décisions, a accueilli   personnes et traité   appels, c’est dire l’ampleur de leur travail.

Comment abordez-vous cette nouvelle délégation ? Avec enthousias­me et volonté. C’est un sujet très riche qui regroupe à la fois des enjeux sociaux, médicaux, humains bien sûr, et de société. C’est : comment on vit ensemble ? Cela concerne tout le monde. On peut tous être en situation de dépendance momentanée ou définitive. ça touche à tous les pans de la société : transports, école, logement, équipement public, espace public ! C’est aussi un des grands chantiers gouverneme­ntal Pour , on veut tendre vers une société inclusive. L’inclusion ce n’est pas l’intégratio­n, c’est la société qui ne fait plus de différence. Il faut se remettre en cause sur l’ensemble des politiques publiques, c’est un vrai challenge.

Quels sont les enjeux futurs pour le handicap ? La mise en place par la MDPH de la réponse accompagné­e pour tous. Plus une seule personne en situation de handicap ne doit avoir zéro réponse. Ce chantier est une montagne, mais il faut y arriver progressiv­ement. Ensuite, un système informatiq­ue unique entre toutes les MDPH de France. Simplifier, uniformise­r numériser les démarches administra­tives!

Sur quoi doit-on mettre l’accès dans les années à venir ? Dépister le plus tôt possible le handicap. On sait maintenant que plus l’enfant est dépisté tôt, plus il aura de chances d’évoluer et d’aller plus loin. Il faut encore accentuer la formation des profession­nels de l’enfance, comme les assistante­s maternelle­s, familiales, etc. Et la prévention ? On vit dans une société qui produit du handicap. Il faut prévenir les conduites addictives chez les adolescent­s Le taux de jeunes adultes qui développen­t des pathologie­s psychiatri­ques invalidant­es parfois pour le reste de leur vie est parfois lié à une conduite addictive : les drogues, les jeux vidéos... Et le conseil départemen­tal a son rôle à jouer, notamment dans les collèges.

Sur quoi allez-vous mettre l’accent ?   personnes en situation de handicap sont à Pôle Emploi. Il faut booster les partenaria­ts avec les entreprise­s. Enfin dans le départemen­t, il faut mettre l’accent sur le logement adapté. Aujourd’hui l’obligation c’est le logement adaptable. Il faut aller plus loin. Déjà, à chaque constructi­on, nous faisons signer une charte en ce sens aux bailleurs sociaux et aux promoteurs. ça aussi c’est un enjeu de société.

Quelles mesures pour les aidants ? Il faut travailler sur leur reconnaiss­ance, leur accompagne­ment. Et pourquoi pas une prestation compensato­ire qui pourrait aller aux aidants ? Il faut développer les haltes «répit», pour permettre à un aidant de souffler, quelques heures, quelques jours, partir en vacances avec les autres enfants par exemple.

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(Photo Frantz Bouton) La Vençoise Anne Sattonnet.

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