Anne Sattonnet : « La société produit du handicap »
Anne Sattonnet, vice-présidente du conseil départemental des Alpes-Maritimes est désormais en charge de cette lourde délégation. Le handicap, « un champ vaste : humain, social, sociétal »
Anne Sattonnet est devenue, depuis l’élection de Charles-Ange Ginésy à la tête du conseil départemental des AlpesMaritimes, vice-présidente en charge de l’handicap. L’une des priorités du quinquennat Macron...
Cette délégation englobe quelles compétences ? Le Département gère l’hébergement des adultes, la prestation compensatoire de handicap, mais pas seulement... Le champ du handicap est un monde extrêmement vaste. personnes sont en situation de handicap dans les Alpes-Maritimes. Nous finançons le transport des enfants, nous nous occupons de l’accompagnement des personnes handicapées, car elles ne sont pas toutes, loin s’en faut, prises en charge dans un établissement spécialisé. Dans nos compétences aussi, la scolarisation et la formation. Et puis, les cartes d’invalidité ou de priorité, l’affiliation d’un aidant à l’assurance vieillesse. Pour l’allocation adulte handicapée, nous prenons la décision, mais l’État finance. Enfin, nous traitons toute demande relative à l’emploi ou orientation professionnelle.
Et la MDPH, maison départementale des personnes handicapées... C’est une instance où siège le département qui préside avec tutelle financière et administrative, avec la participation active des personnes en situation de handicap et les associations. La CDAPH, la commission exécutive, se réunit au moins deux fois par mois. Depuis la loi de , les personnes en situation de handicap peuvent venir nous expliquer une situation contester une décision...
Combien d’établissements d’accueil pour les adultes dans le département ? établissements pour environ places. Et places en service à domicile, qui est un autre mode d’accompagnement.
Des projets ? Un appel à projets ouvre ce moisci pour l’ouverture de places en FAM, foyer d’accueil médicalisé. Et en , on ouvre nouvelles places de services à domicile.
Quel est le budget engagé par le conseil départemental ? millions d’euros par an. Dans ces millions, millions pour l’hébergement des adultes et pour le maintien à domicile, dont millions d’euros pour la prestation compensatoire. Ensuite, il y a le budget de la MDPH qui est de , millions d’euros par an, avec % à charge du Département. A la MDPH, ce son plus de personnes qui travaillent et qui font un travail exceptionnel sur un sujet très sensible. En , la MDPH a pris décisions, a accueilli personnes et traité appels, c’est dire l’ampleur de leur travail.
Comment abordez-vous cette nouvelle délégation ? Avec enthousiasme et volonté. C’est un sujet très riche qui regroupe à la fois des enjeux sociaux, médicaux, humains bien sûr, et de société. C’est : comment on vit ensemble ? Cela concerne tout le monde. On peut tous être en situation de dépendance momentanée ou définitive. ça touche à tous les pans de la société : transports, école, logement, équipement public, espace public ! C’est aussi un des grands chantiers gouvernemental Pour , on veut tendre vers une société inclusive. L’inclusion ce n’est pas l’intégration, c’est la société qui ne fait plus de différence. Il faut se remettre en cause sur l’ensemble des politiques publiques, c’est un vrai challenge.
Quels sont les enjeux futurs pour le handicap ? La mise en place par la MDPH de la réponse accompagnée pour tous. Plus une seule personne en situation de handicap ne doit avoir zéro réponse. Ce chantier est une montagne, mais il faut y arriver progressivement. Ensuite, un système informatique unique entre toutes les MDPH de France. Simplifier, uniformiser numériser les démarches administratives!
Sur quoi doit-on mettre l’accès dans les années à venir ? Dépister le plus tôt possible le handicap. On sait maintenant que plus l’enfant est dépisté tôt, plus il aura de chances d’évoluer et d’aller plus loin. Il faut encore accentuer la formation des professionnels de l’enfance, comme les assistantes maternelles, familiales, etc. Et la prévention ? On vit dans une société qui produit du handicap. Il faut prévenir les conduites addictives chez les adolescents Le taux de jeunes adultes qui développent des pathologies psychiatriques invalidantes parfois pour le reste de leur vie est parfois lié à une conduite addictive : les drogues, les jeux vidéos... Et le conseil départemental a son rôle à jouer, notamment dans les collèges.
Sur quoi allez-vous mettre l’accent ? personnes en situation de handicap sont à Pôle Emploi. Il faut booster les partenariats avec les entreprises. Enfin dans le département, il faut mettre l’accent sur le logement adapté. Aujourd’hui l’obligation c’est le logement adaptable. Il faut aller plus loin. Déjà, à chaque construction, nous faisons signer une charte en ce sens aux bailleurs sociaux et aux promoteurs. ça aussi c’est un enjeu de société.
Quelles mesures pour les aidants ? Il faut travailler sur leur reconnaissance, leur accompagnement. Et pourquoi pas une prestation compensatoire qui pourrait aller aux aidants ? Il faut développer les haltes «répit», pour permettre à un aidant de souffler, quelques heures, quelques jours, partir en vacances avec les autres enfants par exemple.