Bertrand Piccard et le Prince sur le même bateau
Malgré la génération d’écart et des parcours très différents, Bertrand Piccard et Victorien Erussard se ressemblent beaucoup. En tout cas sur un point. Par envie de prouver aux yeux du monde que la protection de l’environnement et le développement des énergies renouvelables ne sont pas des voeux pieux, ils se sont lancés, chacun, dans une grande aventure. Un tour du monde à bord de l’avion solaire Solar Impulse pour le premier, entre mars 2015 et juillet 2016, et un tour du monde à bord du catamaran Energy Explorer pour le second, débuté en avril dernier. Bertrand Piccard a démontré qu’un avion pouvait faire le tour du monde à la seule force de l’énergie solaire. Victorien Erussard espère convaincre le monde que son «laboratoire flottant préfigure les réseaux énergétiques de demain ».
Message politique
« On est sur un modèle d’énergie circulaire, explique-t-il. Notre système est basé sur deux formes de stockage : des batteries à court terme, de l’hydrogène à long terme. On utilise différentes sources d’énergies renouvelables, avec trois types de panneaux solaires et deux éoliennes verticales. Et on produit de l’hydrogène à partir de l’eau de mer que l’on convertit via l’électrolyse. Ce système vise l’autonomie énergétique. Nous voulons aussi augmenter les performances du navire, avec l’aide d’ingénieurs et de scientifiques
qui seront à bord. Le message que nous souhaitons délivrer est politique : si on arrive à vivre en autonomie énergétique grâce à un système digitalisé, décarboné et décentralisé, pourquoi ne pas développer cette architecture énergétique d’avenir ? » Ce message, Energy Explorer va le porter à travers le monde jusqu’en 2022. Bertrand Piccard adhère: «Il y a une très belle complémentarité entre ces deux aventures. La Fondation Solar Impulse a lancé le défi de recueillir, d’ici la fin de 2018, 1 000 solutions économiquement rentables pour protéger l’environnement. Nous avons un accord de collaboration avec “Energy Observer” qui va parcourir le monde et être en contact avec des porteurs de solutions, des entreprises. Ils vont aller rechercher de nouvelles idées et les mettre dans ce portfolio des 1 000 solutions. » Bertrand Piccard, plus largement, estime que la prise de conscience sur la nécessité de protéger la planète et d’utiliser des énergies renouvelables est réelle. «Mais il n’y a pas encore eu de déclic suffisant pour mettre en pratique tout ce qui existe. C’est là-dessus qu’il faut travailler. C’est le but que je me suis donné avec ma fondation: amener aux gouvernements ce portfolio de 1 000 solutions pour montrer qu’on peut être beaucoup plus ambitieux dans la politique environnementale et d’efficience énergétique.» Le ministre français de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, est déjà convaincu. Il a baptisé Energy Explorer et «est présent depuis la genèse de ce projet », indique Victorien Erussard. Edouard Philippe et Emmanuel Macron sont montés à bord. Et maintenant le prince Albert II. En France et à Monaco, déjà, on est persuadé du bien-fondé de cette grande aventure.