Monaco-Matin

Renaud Muselier: «Le Sud incarne une valeur forte»

Le président de la Région a créé la surprise en faisant voter le dépôt d’une marque Sud. Il en défend la pertinence, alors que l’opposition frontiste trouve qu’il est allé trop vite en besogne

- TEXTES : TH. PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Vendredi dernier, Renaud Muselier a pris tout le monde de court en faisant voter, en fin de séance plénière, le dépôt de la marque « Région Sud, Provence Alpes-Côte d’Azur » auprès de l’Institut national de la propriété industriel­le (INPI). La surprise a été si grande, et les premières réactions sur les réseaux sociaux si vives, que dès le lendemain, le président de la Région a jugé utile de préciser sa démarche dans un communiqué. « Région Sud, Provence-AlpesCôte d’Azur signera désormais l’ensemble des supports de communicat­ion de la Région, explique-t-il. Cette signature est un symbole, le mot Sud incarne une valeur forte auprès des Français, des Européens et du monde entier. Associé Ministre de la Culture de Jacques Chirac de  à , président de la commission qui défend la candidatur­e de la Promenade des Anglais au Patrimoine mondial de l’Unesco, Jean-Jacques Aillagon, historien de formation, n’est pas convaincu par la pertinence de la dénominati­on «Sud». « C’est un terme un peu trop vague, un peu trop limitatif, regrette-t-il. Et puis on est toujours au Sud de quelqu’un, ce n’est pas non plus très significat­if. Pour les Allemands, la Bavière est aussi au Sud. Aux noms de Région à caractère géographiq­ue, comme Hauts-de-France ou Grand-Est, « qui ne veulent pas dire grandchose », l’ancien ministre avoue préférer les noms qui correspond­ent «à des références historique­s ». Partant de ce point de vue, il estime, tout compte fait, que « le terme de Renaud Muselier a décidé de mettre le cap au Sud. Provence serait finalement le plus approprié pour remplacer le très peu heureux acronyme Paca ». « La Région, développe-t-il, correspond globalemen­t à la Provence historique et il faudrait tourner autour de ce nom, dans la mesure où il englobe la plus grande partie du territoire. Même Nice, jusqu’à la dédition de  à la Savoie, a fait partie de la Provence (jusqu’en , cette entité acquise par la maison de Savoie sera d’ailleurs désignée sous le nom de Terres neuves de Provence, ndlr). Provence est un terme générique, connu dans le monde entier, qui s’enracine dans l’histoire de ce territoire. » Pierre-Paul Léonelli, président du groupe de la majorité LR-UDI au conseil régional, estime que Sud constitue un bon compromis. « Sud, ça veut dire ce que ça veut dire. Quand les gens disent qu’ils vont dans le Sud, on les imagine tout de suite à Marseille, Nice ou Toulon. » Autre avantage à son sens, « cela permet aussi d’en finir avec cet affreux acronyme de Paca, auquel Michel Vauzelle « Changer de nom, pourquoi pas ? Mais au-delà de la méthode un peu cavalière, le terme de Sud me paraît de toute façon trop réducteur.» Frédéric Boccaletti, le patron du groupe FN à la Région depuis le départ de Marion Maréchal-Le Pen, n’est satisfait ni par la démarche, ni par le choix de Renaud Muselier. «Le Sud, dit-il, ça évoque la chaleur, le soleil, les plages, mais pas les Alpes. Et si c’est pour remplacer l’acronyme Paca par Spaca, ce sera encore pire. à Provence-Alpes-Côte d’Azur, il prend tout son sens.» Renaud Muselier souhaite surtout en finir avec Paca. « Cet acronyme ne veut rien dire, il est dévalorisa­nt. Il faut le remplacer par Région Sud, qui fonctionne bien à l’oral comme à l’écrit. C’est une évidence, tout le monde pense au Sud quand il pense à notre Région, pas à Paca. » À ses yeux, le terme induit aussi « une image très positive : le bien vivre, la lumière, les paysages de rêve, mais aussi un territoire dynamique en termes d’attractivi­té économique. Il participer­a au rayonnemen­t national et internatio­nal de notre Région. De par sa symbolique, il montrera un espace uni, étendu et puissant ». voulait déjà remédier en son temps. Je crois que c’est un bon positionne­ment de dire “Nous, c’est le Sud”, ça nous identifie bien, comme se sont bien situés à leur manière les Hauts-de-France et le GrandEst. C’est une simplifica­tion qui s’impose d’elle-même, tout en conservant et valorisant bien évidemment par ailleurs les trois marques phares que sont Provence, Alpes et Côte d’Azur ». Pierre-Paul Léonelli, favorable au Sud. Frédéric Boccaletti appelle à une consultati­on générale des élus et de la population. Un changement de nom ne s’opère pas d’un claquement de doigts. On peut ouvrir ce débat, mais il faut y associer les collectivi­tés, maires et Départemen­ts, et également les habitants, au travers d’une consultati­on en ligne, comme cela a été fait dans les Hauts-deFrance ou dans le Grand-Est. » En attendant, « pour une fois d’accord avec Christian Estrosi », il suggère d’abord « d’éviter autant que possible d’employer l’acronyme Paca pour parler de ProvenceAl­pes-Côte d’Azur ».

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(Photo D. Leriche) (Photo N.-M.)
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(Photo M. J.)
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