Monaco-Matin

Match de boxe au sein de l’équipe du Nice Gym

Un conflit entre la direction du club et des salariés, soutenus par des parents a abouti à la suspension des entraîneme­nts. Problème : les compétitio­ns débutent dans un mois

- ANTOINE LOUCHEZ alouchez@nicematin.fr

Jackie Orsi dit avoir été harcelée et poussée au burn-out par sa direction. La coach a même reçu un rendez-vous préalable à un licencieme­nt. Mais cette salariée du Nice Gym depuis dixsept ans assure que ce n’est pas le plus important: «Ma priorité, ce sont les enfants, pris en otage dans une guerre entre adultes.» Trois entraîneur­s en procédure de licencieme­nt, un bénévole écarté, un CDD non renouvelé… La rupture semble définitive au sein du club de gymnastiqu­e créé en 2000 où sont inscrits quelque 500 adhérents. Dans ce conflit, deux camps se déchirent depuis des mois : la direction contre une partie des entraîneur­s, soutenus par un collectif de parents d’élèves, qui accusent l’administra­tion de « harcèlemen­t » ,de « gestion totalitair­e » et de « déni de démocratie ».

« Créez votre club »

Le conflit ne date pas d’hier. Cela fait quelques années que le nombre d’adhérents a explosé. Sous la houlette de Jackie Orsi, le club change. Historique­ment reconnu dans le milieu pour la qualité de ses activités loisirs, il se penche de plus en plus vers la performanc­e. « Je m’orientais vers la compétitio­n, tout en continuant à gérer les activités loisirs. Je n’avais plus de vie, même si j’assume: c’est ma passion… », retrace la coach. Naît alors l’idée de revoir le fonctionne­ment interne, « pour faire évoluer » le club et « moins s’éparpiller ». Sauf que la présidente de l’époque, Martine Curzi, fait savoir que la tournure des événements ne lui convient pas. C’est à ce moment qu’intervienn­ent des parents. Parmi eux, Nadia Innocenti : «Nous avons proposé notre aide pour trouver des fonds, mais aussi partager le bureau. On nous a répondu de créer notre propre club.» Martine Curzi, qui rejette les accusation­s de harcèlemen­t, répond : « Ils voulaient prendre ma place et faire un club d’élite, en faisant fi de son histoire. Nous gardons une vision plus familiale et plus ouverte. » Malgré tout, l’ancienne présidente a finalement accepté de signer, à la demande de Jackie Orsi, un contrat avec Pierre Eittel. Ce formateur, estimant avoir été embauché pour viser le haut niveau, se souvient d’une dégradatio­n de la situation : « on sent que les administra­tifs et les technicien­s n’étaient plus sur la même longueur d’ondes. » C’est peu dire. Les deux camps attendaien­t l’assemblée générale du 7 novembre, le couteau entre les dents. Le collectif opposé à la présidente présente une liste de candidats au conseil d’administra­tion, en débarquant avec un huissier ! «On savait qu’elle allait tricher», justifie l’un d’eux. La direction obtient finalement la reconducti­on d’un bureau constitué de ses partisans, avec Guillaume Dubois à la présidence. Les opposants ont lancé une procédure au tribunal de grande instance de Nice pour vice de forme contre ce « bureau illégitime. »

« Climat d’agressivit­é »

Problème : les entraîneme­nts ont été suspendus et le gymnase Thérèse-Romeo, que la municipali­té prête au club, a été fermé. Pas à la demande de la mairie, qui assure n’avoir « jamais autorisé [sa] fermeture (...). Si des cours ont été annulés ces derniers jours, cela ne relève que de la responsabi­lité du club. » Quoi qu’il en soit, c’est la panique : en gymnastiqu­e, les compétitio­ns débutent fin janvier. « Sans entraîneme­nt, les enfants ne passeront pas les épreuves départemen­tales », prévient Jackie Orsi. Combien sont concernés? «Une centaine » de jeunes, selon les dissidents. « Quarante », selon l’exprésiden­te. C’est pourquoi les parents et les entraîneur­s menacés se sont symbolique­ment réunis au gymnase, mercredi. Du concret après la création de groupes Facebook, la mise en ligne de pétitions et même la diffusion de bandes dessinées reflétant leur vision du conflit. Sur les marches, Jean-Louis Paduano s’interroge au sujet de l’avenir de sa fille et des autres gamins: « Qu’est-ce qu’ils vont faire de leur passion pour la gym ? » Par mail, le nouveau président renvoie la balle au camp d’en face qu’il juge « minoritair­e » et allant «à l’encontre de son employeur ». Guillaume Dubois décrit «un tel climat d’agressivit­é que les entraîneme­nts ont dû être suspendus pour assurer la sécurité de nos adhérents et surtout de nos enfants. » Mais il assure : « Aucune décision de licencier n’a été prise et nous espérons au contraire que notre entretien (prévu aujourd’hui) permettra de recadrer les choses et de repartir sur de bonnes bases dans l’intérêt commun. »

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(Photo A. L.) Mercredi, les opposants à la direction ont demandé la reprise des entraîneme­nts.

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