Monaco-Matin

Les défis qui attendent

Aux confins du départemen­t, les cinq communes de la Roya font face, depuis de nombreuses années, à des problèmes d’ampleur. Les solutions qui seront apportées déterminer­ont leur avenir

- ALICE ROUSSELOT arousselot@nicematin.fr

Vu de l’extérieur, difficile d’imaginer qu’une si petite vallée de  habitants pouvait être confrontée à tant d’épreuves. Soumise à tant de défis. Entre les transports – absolument indispensa­bles – les contrainte­s propres à un territoire de montagne et d’histoire, le problème plus récent d’un afflux de migrants à la frontière... La taille de la Roya est inversemen­t proportion­nelle à l’importance des problèmes rencontrés. Les solutions étant d’autant plus difficiles à trouver que le territoire est géographiq­uement isolé. Voire laissé pour compte, selon certains. Unis comme les cinq doigts d’une main, les maires de Breil, Fontan, Saorge, La Brigue et Tende ont malgré tout réussi à l’emporter face au problème des poids-lourds dans la vallée. Obtenant dans un premier temps le soutien de la Communauté d’agglomérat­ion, puis celui du Départemen­t. Sans compter sur un appui indéfectib­le de leurs administré­s. Preuve que pour être entendus, seule l’union prévaut. Les projets dans les tuyaux, la vie quotidienn­e des habitants et même le dynamisme de la vallée de la Roya ont pour point commun de dépendre d’une chose. Une donnée essentiell­e. Les usagers l’appellent la « ligne de vie ». D’autres la décrivent plus prosaïquem­ent comme le chemin de fer reliant Nice à Cuneo et à Turin. Un train internatio­nal – caractéris­tique méconnue – qui fait couler des barils d’encre depuis des années. Alors que la menace d’une fermeture de la ligne planait sur la vallée il y a quelques années, le lancement d’une première phase de travaux, en septembre, sur le tronçon entre Breil et Limone, a (partiellem­ent) rassuré la majorité des personnes concernées. Prêtes à manifester encore et encore s’il le fallait.

Travaux de sécurisati­on

Exclusivem­ent financé par l’Italie (qui a déboursé la somme importante de 29 millions d’euros), le chantier vise ainsi à « améliorer le niveau de sécurité des installati­ons pour éviter l’arrêt de circulatio­n qui nous pend au nez depuis 2010, année où les Italiens ont stoppé les gros investisse­ments sur la ligne», comme l’expliquait Cheikh Ndiaye, directeur des opérations chez SNCF Réseau, lors d’une réunion avec les politiques de la vallée. Le mauvais état de la section entre Breil et Limone ayant déjà entraîné, en novembre 2013, la diminution de la vitesse de circulatio­n de 80 La pérennité de la ligne Nice-Breil-Cuneo dépendra d’une phase de travaux. Pas encore budgétée…

km/h à 40 km/h, afin d’en garantir la sécurité. Remplaceme­nt des rails et du ballast, mise en place de filets de détection de chutes de rochers et de grillages de protection sur les falaises, rénovation de ponts-rails sont programmés jusqu’au 28 avril. Problème: cette première phase de travaux n’assurera pas immédiatem­ent un retour aux conditions initiales de circulatio­n. Notamment au regard de la vitesse. Et si une deuxième phase de travaux est d’ores et déjà annoncée, l’ampleur

du chantier dépendra de l’enveloppe allouée. Pour l’heure, seuls 15 millions d’euros sont assurés : ceux du plan Etat-Région, côté français. Or, à moins de 50 millions d’euros (correspond­ant à des travaux ciblés sur certaines zones seulement), le gain de temps n’excéderait pas les dix minutes, selon une étude réalisée par SNCF Réseau. Et seul le scénario à plus de 100 millions d’euros correspond­rait à un retour aux 80 km/h d’antan. Du côté des associatio­ns d’usagers de la ligne, c’est là que le bât blesse. Comment remplir un train et légitimer son existence s’il circule à 40 km/h, soit plus lentement qu’une voiture faisant le même trajet par la route ? Pour les élus de la vallée, l’argument de la « non-rentabilit­é » de la ligne avancé par la SNCF doit cesser. Il s’agit là de «rentabilit­é sociale », clament-ils. Les villages ayant besoin d’être reliés aux métropoles du littoral pour exister. Et attirer des actifs. « C’est l’épine dorsale de la vallée, la seule alternativ­e à la route. Elle a clairement un rôle économique et de désenclave­ment du territoire», reconnaît Cheikh Ndiaye.

Convention à réviser

Le déblocage des fonds ne pourra en fait se réaliser qu’après la révision de la convention de 1970 qui unit les deux pays usagers de la ligne. Les Italiens considéran­t qu’ils ont déjà beaucoup investi (entre autres pour dommages de guerre) souhaitent désormais que la France prenne une part plus importante. Que les rôles soient davantage équilibrés. Mais les deux États tardent à signer ledit document. «Ce n’est pas normal qu’ils traînent la savate, résume le maire de Tende, Jean-Pierre Vassallo. Cette ligne ne se réduit pas au tronçon Breil-Tende! Une action doit être tout de suite engagée pour que dès la réouvertur­e on poursuive les efforts. »

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(Photo d’illustrati­on F.F.)

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