Monaco-Matin

Peines planchers pour les agresseurs de policiers ?

Le débat sur leur rétablisse­ment est relancé depuis le lynchage des deux policiers le soir de la Saint-Sylvestre. Hier matin, le Premier ministre Edouard Philippe a écarté cette hypothèse

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Deux jours après l’agression de deux policiers en marge du réveillon du Nouvel An à Champigny-sur-Marne (Val-deMarne), dimanche 31 décembre, Edouard Philippe a prôné, hier matin, sur France 2 « une grande sévérité judiciaire et pénale » pour les auteurs mais a déclaré n’être pa favorable au rétablisse­ment des peines planchers. Dans la lignée des déclaratio­ns politiques qui se sont succédé depuis cette agression, le Premier ministre s’est dit « horrifié » par « le comporteme­nt évidemment criminel » des auteurs de cette agression et « frappé aussi par ceux qui ne faisaient rien, qui filmaient ». Il a dit souhaiter « beaucoup plus de policiers sur le terrain » et expliqué se « méfier » des « réactions qui passeraien­t par un élément législatif », au sujet d’un éventuel rétablisse­ment des peines planchers réclamé par des policiers. Ces derniers sont encore marqués par l’attaque aux cocktails Molotov de deux des leurs en octobre 2016 à Viry-Châtillon (Essonne), qui avait entraîné des manifestat­ions inédites de « policiers en colère » et de leurs compagnes. Après l’agression de Champigny, Alliance a exigé des peines planchers pour les agresseurs de forces de l’ordre, alors que l’enquête s’annonce longue [lire notre encadré en bas de page]. Hier soir, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a annoncé qu’il recevrait le 10 janvier les syndicats de police.

Abrogation en 

Le mécanisme des peines planchers, adopté au début du quinquenna­t de Nicolas Sarkozy, en août 2007, a été abrogé par l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira en août 2014. Symbole fort du clivage gauche-droite sur les questions judiciaire­s, il ne concernait pas seulement les agressions contre les personnes dépositair­es de l’autorité publique, mais tous les crimes et délits commis en récidive. Ainsi, la loi de 2007 instaurait des seuils pour les crimes : 5 ans d’emprisonne­ment minimum si le crime était passible de 15 ans, 7 ans minimum s’il était passible de 20 ans, etc. Idem pour les délits : la loi prévoyait 1 an minimum pour un délit passible de 3 ans d’emprisonne­ment, 2 ans pour un délit passible de 5 ans, 3 ans pour un délit passible de 7 ans et 4 ans pour un délit passible de 10 ans. Dans tous les cas, la loi prévoyait toutefois que le magistrat puisse déroger à ces seuils « par une décision spécialeme­nt motivée », tenant aux circonstan­ces de l’infraction, à la personnali­té de l’auteur ainsi qu’aux perspectiv­es de réinsertio­n. Une dérogation qui, dans la pratique, a été largement utilisée par les magistrats. Estimant que les peines planchers étaient « un automatism­e qui réduit la liberté d’appréciati­on des magistrats » , et que « l’individual­isation de la procédure » permettait mieux de combattre la récidive que la peine plancher, le précédent gouverneme­nt avait choisi d’abroger ce système, dans le cadre de la réforme judiciaire conduite par Christiane Taubira

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(Doc France ) Edouard Philippe a promis, hier matin sur France , « une sévérité sans faille » contre les agresseurs de policiers.

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