Deux grands anniversaires : l’Armistice et Mai 68
idéologique –, la gauche, elle, est de son côté hostile à toute hypothétique «récupération» officielle d’un mouvement multiforme, mais fondamentalement contestataire de l’autorité. «Ni célébration, ni déploration; ni Waterloo, ni Austerlitz», confiait en novembre l’entourage du chef de l’État à Libération, en ironisant: « Il n’est pas question de décorer Cohn-Bendit avec un pavé d’or.» Un joli numéro d’équilibriste en vue pour le tenant du «et en même temps». Et puis, , ce n’est pas qu’une vague de mouvements sociaux à travers le monde: c’est aussi la tentative de « socialisme à visage humain» en Tchécoslovaquie à l’occasion du Printemps de Prague, débuté le janvier… et sa féroce répression le août, avec l’entrée des chars des pays du Pacte de Varsovie dans la capitale. Et aussi… Les 50 ans de la disparition du sous-marin
Minerve au cap Sicié, dans le Var (27 janvier) ; les70ansdel’assassinatdeGhandi(30janvier); les 20 ans de celui du préfet Erignac (6 février) ; les50ansdeceluideMartinLutherKing(4avril); les 70 ans de la proclamation de l’État d’Israël (14 mai) ; les 20 ans des 35 heures (19 mai) ; les 10 ans du décès d’Yves Saint Laurent (1er juin) ; les 20 ans de la création de la Cour pénale internationale (17 juillet) ; les 50 ans de l’arrivée de la publicité à la télévision française (1er octobre) ; les 60 ans de la Ve République (4 octobre) et de l’élection du général de Gaulle à la présidence (21 décembre) ; les 100 ans de la mort de GuillaumeApollinaire (9 novembre) ; les 30 ans de la création du RMI (1er décembre) ; les50ansdelamissionApollo8,lorsdelaquelle des hommes virent pour la première fois par eux-mêmes la face cachée de la Lune (21 décembre).
Comme chaque année, verra aussi son lot de célébrations, mais deux sortent du lot. Entamées en , les commémorations de la Première Guerre mondiale, qui ont été l’occasion d’un important effort de recherche historique et de sensibilisation du grand public à ce travail de mémoire, s’achèveront le novembre prochain, avec les cent ans de la signature de l’Armistice à Rethondes. Un événement qui devrait être l’objet d’une mise en scène exceptionnelle: Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé jeudi, lors de ses voeux au corps diplomatique, qu’il comptait inviter en France pour l’occasion pas moins de chefs d’État et de gouvernement des pays ayant participé à ce conflit fondateur du XXe siècle. « Nous ne devons pas faire bégayer l’histoire et il faut se souvenir que nos peuples, et peut-être surtout leurs dirigeants, furent comme des somnambules», a souligné le chef de l’État en reprenant une citation de l’historien australien Christopher Clark. Le rattachement de l’Alsace-Lorraine à la France, le décembre, sera également sans doute mis en avant. Dans un tout autre registre, le cinquantenaire de Mai (le mai avait lieu l’occupation de la Sorbonne), qui reste un sujet sensible en France, ne manquera sans doute pas de raviver des passions. C’est donc sur un terrain miné qu’avance l’Elysée. A l’automne dernier, le quotidien
L’Opinion avait révélé que l’exécutif réfléchissait à la meilleure façon d’aborder cet anniversaire à la fois incontournable et encombrant. D’autant que si le rejet des «Événements» reste prégnant à droite – au point d’avoir été ravivé, depuis Nicolas Sarkozy (qui voulait en «liquider
l’héritage»), comme un marqueur et une ligne de clivage