Monaco-Matin

Une «mine» en plein Nice pour extraire des Bitcoins !

On peut contribuer à l’extraction de ces fameuses crypto-monnaies dont le cours s’est envolé en 2017 en « louant » la puissance de calcul de son ordinateur. On appelle ça le minage et ça peut rapporter de l’argent !

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Frédéric est Niçois et il est mineur ! Avec la fermeture des derniers corons, dans le Nord de la France, on pensait pourtant que cette profession n’avait aucun avenir. C’était avant que l’envolée du cours du Bitcoin ne provoque une nouvelle ruée vers l’or… numérique cette fois. Chaque Bitcoin, cette unité de monnaie digitale créée il y a à peine dix ans (voir cicontre), vaut aujourd’hui plus de 12 000 euros ! Autrefois réservé aux gamers ,les fans de jeux vidéos, il est peu à peu entré dans l’économie réelle. Et avec lui toutes ses petites soeurs, les crypto-monnaies telles que l’Ethereum ,le Neo , ou encore le Monero, qui tentent de se faire une place dans ce nouvel Eldorado. Au point que certains États, comme la Russie ou le Venezuela, envisagent désormais de créer leur propre cryptomonn­aie. « Ce qu’ont déjà fait les banques avec le Rippel », constate Frédéric Bernard. Même si c’est, pour lui, un peu « l’antithèse » du principe de base. « Car les crypto-monnaies ne sont pas que dématérial­isées, elles sont surtout décentrali­sées », explique cet informatic­ien de 44 ans. Et c’est bien ce qui permet leur « minage ».

Mettre à profit son ordinateur

Car pour exister et circuler ces devises numériques vont devoir s’appuyer sur la puissance de calcul de milliers d’ordinateur­s indépendan­ts. C’est ce qu’on appelle la blockchain. Or, tout un chacun peut participer à

cette «chaîne» virtuelle… Et en tirer profit! Car si votre ordinateur permet de rajouter des blocs à la chaîne vous êtes alors rémunéré. « On appelle ça les fees, explique Frédéric. C’est un peu l’équivalent des frais bancaires. Si ce n’est qu’ils sont beaucoup moins élevés et sont payés, évidemment, en crypto-monnaie.» Mais vu l’envolée du cours de certaines de ces devises 2.0, l’opération pourrait s’avérer lucrative. En tout cas, c’est ce qu’affirme cet informatic­ien niçois qui, avec son associé Andrea Genta(1), vient d’implanter sa propre « mine » sur les hauteurs de Magnan. Près de 140 ordinateur­s ultrapuiss­ants

travaillen­t jour et nuit à faciliter les opérations menées sur les quelque 500 milliards de dollars de crypto-monnaies désormais en circulatio­n à travers le monde… Et, au passage, ils captent leurs fees. Frédéric Bernard assure avoir ainsi collecté près de 20000 dollars en moins d’un an avec les quatre ordinateur­s de sa « mine » qui lui appartienn­ent. Les autres, il les a vendus à des clients et se contente d’en facturer l’hébergemen­t et la maintenanc­e. « Je vends des planches à billet, résume-til. Sans pour autant donner un surcroît de travail à la police ou à la gendarmeri­e. Car

tout est légal et mes revenus sont déclarés au fisc. »

Bulle spéculativ­e ou nouvelle révolution

« Depuis que je suis informatic­ien, témoigne Frédéric, je cherche un système qui continuera­it à travailler quand je vais me coucher, le soir, pour me permettre de me réveiller un peu plus riche chaque matin. » Grâce au minage de crypto-monnaies, il pense l’avoir « enfin trouvé ». Reste à savoir si, au-delà de la rentabilit­é immédiate, la belle affaire va résister au temps. L’informatic­ien niçois reconnaît que « c’est un pari ». Et forcément, « il est risqué ». Même si pour lui, ce risque reste limité. « D’abord parce que les crypto-monnaies s’appuient sur une véritable innovation technologi­que, la blockchain, dont sont en train de s’emparer de très grosses entreprise­s. » Frédéric cite l’exemple de cet assureur qui a ainsi trouvé le moyen d’indemniser automatiqu­ement ses clients en cas de retard d’avion. « Tout le monde attend aussi le jour où Amazon lancera sa crypto-monnaie pour se passer des banques », poursuit-il. A l’entendre ces devises 2.0 n’auraient déjà plus rien de virtuelles car elles se sont immiscées au coeur même de l’économie réelle. « Derrière il y a des vrais gens qui travaillen­t. Voilà pourquoi,

estime-t-il, il y a peu de chance que la bulle explose. » Pour autant toutes les crypto-monnaies ne survivront pas à cette nouvelle révolution numérique. Il s’en est créé des milliers. certaines ont déjà disparu du paysage numérique. Quand à celles qui semblent les plus solides, elles sont aussi les plus « minées ». Difficile dès lors de dénicher le bon filon dans ce nouvel Eldorado numérique. 1- Frédéric et Andréa ont créé la société Coins Mining Area (CMA) : www.coinsminin­garea.com.

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(Photos Franz Chavaroche) Frédéric et son associé, Andréa, dans leur mine d’extraction de crypto-monnaies.

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