Monaco-Matin

Ces sans-abri qui (sur) vivent sur nos bitumes

Il y aurait environ 3 000 sans-abri dans le départemen­t. Avec cette évolution: de plus en plus de femmes et de travailleu­rs

- DOSSIER : STÉPHANIE GASIGLIA ET LAURE BRUYAS sgasiglia@nicematin.fr lbruyas@nicematin.fr PHOTOS : FRANTZ BOUTON SÉBASTIEN BOTELLA

Ils s’appelaient Leszek, François, Nela, Paolo, Dominique ou encore Ingrid, pour ceux dont on a pu trouver le nom… Ils sont morts dans la rue en 2 017 dans les Alpes-Maritimes. Plus de 20 hommes et femmes ont laissé leur dernier souffle sur le bitume de Nice, Cannes, Antibes, Saint-Laurentdu-Var ou bien Menton, selon le collectif « Morts de la rue ». En France, l’an dernier, au moins 403 sans-abri ont été retrouvés sans vie. Ils avaient en moyenne 49,5 ans. Au moins 403… Mais certaineme­nt beaucoup plus. Cette réalité est impossible à chiffrer avec complétude. Et les femmes sont de plus en plus nombreuses [lire par ailleurs]. Un constat établi à Antibes par exemple. « Il y a quelques années, on voyait peu ou pas les femmes. C’était marginal. Nous devons adapter nos conditions d’accueil pour répondre au mieux à cette évolution », commente Daniel Meiffret, directeur du CCAS d’Antibes. Antibes, où en 2017, l’accueil de jour a recensé 885 sans-abri, dont 89 femmes, majoritair­ement des ressortiss­ants de l’Union européenne et quelques migrants en transit. À Cannes, où 713 hommes et 106 femmes ont été reçus à l’accueil de jour en 2017, (pour une fréquentat­ion de 12 541 personnes soit 16,47 % d’augmentati­on par rapport à 2016), on constate d’année en année, une « augmentati­on significat­ive des jeunes et des travailleu­rs pauvres » à la rue. Par ailleurs, depuis septembre, l’accueil de nuit est particuliè­rement fréquenté tant chez les hommes que chez les femmes. Une constatati­on que l’on peut faire sur l’ensemble du départemen­t. À Nice, 2 150 sans-abri - différents ont été accueillis par le CCAS à l’accueil de jour en 2017, dont 11 % de femmes, pour 23869 passages. Quant au centre de nuit abbé Pierre, il a vu 796 personnes en 2 016. Pour les femmes, elles ont été 155 à passer la porte de l’accueil de nuit. Une litanie de chiffres qui, là aussi, ne reflète pas la crue réalité. « Quid des mal-logés, qui ont peut-être un toit, mais si précaire, dans un squat ouvert aux quatre vents? Quid de ces hommes et femmes qui vivent dans leur voiture et qui souvent ont pourtant un travail ? Quid de tous les SDS (1) qui ne passent jamais la porte d’une structure officielle et qui pourtant connaissen­t la rue? Quid des étrangers qui sont en situation illégale et juste de passage chez nous », se désespère une bénévole à la maraude sociale. Elle aussi se désole : « Nous croisons dans la rue de plus en plus de personnes victimes d’accidents de la vie, une expulsion, une séparation, mais qui ont toujours un travail et qui se battent pour le garder tout en dormant dehors. Ces personnes-là ne tapent pas souvent à la porte des accueils d’urgence ». 1. SDS : sans domicile stable.

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