Joëlle Martinaux: «Ils, elles ont des histoires de rupture»
Joëlle Martinaux est viceprésidente du CCAS de Nice et présidente de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale. Elle dresse une photographie de la population des sans-abri à Nice.
Combien de SDF recensent les services sociaux ? On en compte entre et . C’est un chiffre constant.
Qui sont-ils ? Ce sont des hommes et des femmes, majoritairement des ressortissants de notre territoire, qui se retrouvent à la rue après des accidents de la vie : des conflits de famille, la perte de leur travail, des ressources insuffisantes, une difficulté à accéder à un emploi… On rencontre des gens qui avaient une vie sociale, des chefs d’entreprise mêmes, qui décrochent brutalement après un divorce comme des gens atteints de troubles mentaux, des bénéficiaires de l’allocation handicapé, des gens qui sortent de prison sans projet ou des jeunes que leurs parents ont mis à la porte. Chaque sans-abri a une histoire, un parcours de vie, mais le dénominateur commun de toutes ces situations, le maître mot, c’est une « rupture ».
Il y a énormément de jeunes ? De plus en plus. Ils représentent au moins un quart de la population SDF. % des jeunes vivent en dessous du seuil de pauvreté. % des jeunes marginaux ont eu une enfance compliquée : ce sont des jeunes rejetés par leurs parents parce qu’ils sont homosexuels, par exemple. Des jeunes qui, à ans, et après une enfance en foyer, se retrouvent sans toit. Il y a aussi des étudiants que leurs familles ne parviennent pas à aider. Et beaucoup qui ne parviennent pas à trouver d’emploi à cause de la situation économique.
On voit aussi des personnes âgées à la rue… % des SDF ont entre et ans avec un pic pour les - ans. % ont audelà de ans. Ce sont des personnes qui ont de toutes petites retraites ou qui connaissent des retards d’attribution de leur pension ou de l’allocation vieillesse, des personnes qui, parfois, sur un temps donné, se retrouvent extrêmement démunies.
Et les femmes ? Il y en a plus qu’avant. Ou peut-être sont-elles plus visibles. Des femmes victimes de violence qui partent de chez elles sans rien. Celles-là, on arrive à les sortir très vite de la rue. Il y a aussi des femmes généralement âgées de plus de ans - qui ne travaillaient pas et qui après un divorce, une séparation, se retrouvent à la rue. L’augmentation du nombre de femmes SDF est à mettre en lien avec l’accélération des éclatements familiaux.