Pourquoi la falaise est-elle nettoyée?
Abandonnée à Dame nature depuis 25 ans, la falaise subit un nettoyage ciblé et d’envergure, au-dessus du port de Fontvieille, pour donner de l’air aux espèces végétales locales et protégées
Vous les avez tous aperçus ces dernières semaines sur le port de Fontvieille. Des petits bonshommes jaunes et bleus harnachés à la roche et oscillant comme des Yo-Yo entre de grands sacs blancs. Des masses suspendues sources de toutes les rumeurs chez les Monégasques. Tiens, un nouveau grand chantier? Une nouvelle déco de Noël sous les fenêtres du souverain ? À chacun sa version… En réalité, Voilà 25 ans que le pan rocheux mitoyen du Jardin animalier n’avait pas subi un grand nettoyage. Autant dire qu’entre-temps, Dame nature ne s’était pas privée de reprendre ses aises. Le problème étant que, réchauffement climatique ou non, les plantes exotiques ont étendu leur espace vital jusqu’à mordre – dangereusement – sur les plates-bandes des autochtones. Autant d’espèces patrimoniales ou protégées auxquelles il convenait de redonner de l’air.
«Des rochers étaient tombés dans l’eau »
D’où une vaste, et minutieuse, opération de débroussaillage entreprise en fin d’année dernière et se poursuivant jusqu’au mois de février prochain. « On a eu quelques petits soucis
avec des inflorescences d’agaves tombées dans le port de Fontvieille et quelques rochers qui étaient tombés également », expose le chef de section Jardins à la Direction de l’Aménagement Urbain (DAU), Georges Restellini, pour justifier le timing de l’intervention. Une question de sécurité couplée d’une opportunité pour la Direction de l’Environnement,
en partenariat avec le Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles (CBNMed), d’effectuer un inventaire. « Avant le nettoyage il fallait avoir une bonne connaissance des espèces en présence. La direction de l’Environnement fait des inventaires chaque année de la faune et de la flore terrestres, comme marines. Nous faisons
ensuite des préconisations pour la DAU, dans le cadre des espaces publics et des jardins. C’était important de le faire ici car le pas de temps était très long », justifie le Directeur de l’Environnement, Valérie Davenet. Depuis quelques semaines, l’Entreprise Monégasque de Travaux Acrobatiques (EMTA) a ainsi été missionnée par la Direction de l’Environnement
pour « assainir » les lieux.
Sans impact sur les espèces animales
Décaper méticuleusement la mythique paroi rocheuse (lire ci-dessous) pour répondre à des objectifs bien précis : contrôler l’expansion des espèces exotiques envahissantes, restaurer l’habitat à fort enjeu de conservation, favoriser la persistance et la recolonisation de la flore patrimoniale. Un cahier des charges nécessitant un plan d’actions séquencé sur trois années (2017-2019). «On enlève les plantes invasives jusqu’à fin février 2018 et on arrête de travailler au printemps pour éviter d’abîmer les plantes patrimoniales qui reprennent. Historiquement, ce sont plutôt des plantes méditerranéennes, de garrigues, de maquis comme on peut trouver dans l’arrière-pays niçois, et d’autres comme des euphorbes, qui sont peu visibles en été avec la chaleur et qu’on voit moins en hiver», détaille Georges Restellini. Un décapage qui, selon la Direction de l’Environnement, n’aura aucune incidence sur la vie animale. Rassurant, après une année 2017 marquée par la naissance de six cormorans huppés de Méditerranée et de deux faucons pèlerins non loin. Des espèces patrimoniales aussi, qui reviendront peut-être nidifier dès mars.