Monaco-Matin

Dix ans de réclusion pour avoir violé sa compagne à Vallauris

Le couple venait de se séparer mais vivait encore sous le même toit. Ivre et violent, l’homme a violé sa compagne. Il a été condamné hier aux assises

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

C’était au départ une histoire d’amour entre un homme de 33 ans, déménageur, et une femme de 32 ans, puéricultr­ice. Le couple a fini après deux ans de vie commune par se déchirer. Anan était fatiguée de voir Mohamed rentrer ivre à l’appartemen­t de Vallauris, dilapider l’argent du ménage au PMU plutôt que de payer le loyer. Elle a alors décidé de le quitter. Depuis une semaine, elle faisait chambre à part. Mohamed Benazi est rentré ivre. Il a cassé du mobilier, frappé dans les murs qui portaient la marque de ses poings. Elle a tenté de la calmer. Il l’a ensuite punie en la violant. Et comme si ce malheur ne suffisait pas, l’enfant du couple est décédé accidentel­lement quelques semaines après alors que le père était en détention provisoire. Le couple se fait face depuis lundi devant la Cour d’assises des Alpes-Maritimes présidée par Patrick Veron. Et les jurés de la cour d’assises sont contraints d’écouter les détails les plus intimes de la vie passée de Mohamed et Anan.

« Impression­nant courage »

A l’heure des plaidoirie­s, mercredi, Me Roselyne Nain Doyennette, conseil de la jeune femme, résume le dilemme des jurés : « Avezvous à juger un acte d’amour ou un acte de barbarie, un acte sauvage ? » L’avocat de la partie civile plaide pour « une femme digne, sans haine, qui donne une leçon de vie » malgré tous les écueils rencontrés. Un portrait à mille lieux de « la mythomane, la folle, la psychopath­e », décrite par l’accusé pour mieux se disculper. « A cause de lui, cette femme est devenue une coquille vide qui a tout perdu », insiste Me Nain Doyennette. L’avocat général Julien Pronier requiert dix ans de réclusion. Le magistrat de l’accusation quitte son estrade pour venir à la barre, devant les jurés. Il salue à son tour « l’impression­nant courage » d’Anan : « Il lui en a fallu face à la calomnie, aux menaces, aux pressions familiales y compris de sa propre mère… » La plainte, les examens gynécologi­ques, psychologi­ques, (Photo archives N-M)

les deux ans de procédure… et un procès que cette frêle jeune femme pudique, a souhaité public. L’avocat général Pronier rappelle dans son réquisitoi­re qu’il avait fallu attendre les années 80 pour que la Cour de Cassation, juridictio­n suprême, inscrive dans le marbre qu’un rapport sexuel entre conjoint pouvait être un crime s’il n’était pas consenti. « Aujourd’hui, c’est même une circonstan­ce aggravante », souligne le magistrat de l’accusation. « Sans faire offense à Madame, n’a-t-elle pas profité de ce rapport sexuel pour trouver le moyen, le courage, de quitter M. Benazzi », s’interroge Me Corentin Delobel, pour la défense ? L’avocat pourrait s’attarder sur une expertise psychiatri­que très favorable à son client : « Je ne suis pas là pour demander la clémence en m’attardant sur sa personnali­té. Je vous demande son acquitteme­nt. Parce qu’il y a un doute sur l’absence de consenteme­nt. » L’accusé a dix jours pour faire appel.

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Les jurés ont dû juger s’il s’agissait d’un acte d’amour ou d’un acte de barbarie.

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