Un jeune migrant condamné pour usage de faux documents
« Il a pourtant juré devant Dieu qu’il avait juste quinze ans », s’est interrogé le président alors que le prévenu, absent à la barre, serait plus vieux selon les examens médicaux menés. (Illustration DR)
Un jeune migrant se serait-il bien caché sous de belles, mais fausses, déclarations de réfugié, en présentant des documents falsifiés afin de profiter de l’hospitalité de la Principauté ? Pour la Justice monégasque, il n’y a plus aucun doute. Le dossier a été évoqué au cours de la dernière audience du tribunal correctionnel en l’absence du prévenu. Il a été condamné à une peine d’amende de 500 euros assortie du sursis. Au départ de cette affaire, une banale démarche auprès de la Sûreté publique. L’intéressé arrive le 28 août dernier dans les locaux de la rue Suffren-Reymond pour raconter son périple difficile. Il est parti de Côte d’Ivoire afin d’échapper à son père qui le maltraitait. Après avoir rejoint l’Europe, il mène, pendant quatre mois, une existence fragile à Rome puis à Paris. Dans la capitale française, un ami lui conseille de se rendre à Monaco. Il vient d’ailleurs de descendre du train et se retrouve au final déboussolé dans ce pays. Il doit obtenir un hébergement…
Un temps confié au Foyer de l’Enfance Princesse Charlène
Quand il présente ses papiers d’identité, c’est un mineur de quinze ans de nationalité ivoirienne. Confié au «Foyer de l’Enfance Princesse Charlène » de la rue Bellevue, il est en même temps pris en charge par la DAAS. Enfin, l’adolescent projette de rester sur le territoire monégasque afin de suivre une formation professionnelle. Mais au fil des jours, les éducateurs doutent très vite de son âge annoncé et de l’authenticité des documents fournis. C’est un sans-papier! «Une enquête est ouverte, raconte le président Jérôme Fougeras Lavergnolle. Après avoir consulté l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris, il est prouvé que deux des documents sur les trois fournis sont des faux grossiers. En plus, des photos ne correspondent pas à la physionomie du prévenu. Un seul aurait pu satisfaire à la réalité : le certificat d’identité. Mais l’ambassade n’a pas pu se prononcer à cause de l’absence de documents complémentaires. »
« Qui est véritablement cet individu ?
«D’autre part, poursuit le magistrat, comme l’identification n’est pas aisée, il a été pratiqué un examen osseux au CHPG qui va plus loin qu’un simple examen des cartilages grâce à la comparaison avec des tables d’âges. Résultat : la constitution du jeune migrant est plus proche de celle d’un homme de dix-huit ans au moins. Dès lors, l’imposteur a été placé en garde à vue le 19 septembre pour détention de faux papiers. Tout au long de l’interrogatoire, il a pourtant juré devant Dieu qu’il avait juste quinze ans et que ses papiers étaient des originaux. » Si le fautif n’a jamais été condamné, une fois sa garde à vue levée, il a complètement disparu de la Principauté… D’où son absence à l’audience. Cela n’empêchera pas le procureur Alexia Brianti de requérir une peine d’amende avec un quantum important. Mais assorti du sursis. «Des lettres manquantes, des fautes d’orthographe grossières, des dates surchargées… Et l’usage établi d’un nom d’emprunt. Qui est véritablement cet individu ? Car ce sont bien des documents falsifiés. Vous entrerez en voie de condamnation pour ce jeune homme venu en France par le biais d’un passeur. Il faut une réponse pénale dissuasive face à un tel agissement. » Le tribunal suivra les réquisitions du ministère public à hauteur d’une amende de 500 euros, toujours avec sursis.