Monaco-Matin

« Il va continuer à baisser, mais ne va pas disparaîtr­e »

François Roudier, porte-parole du Comité des constructe­urs français d’automobile­s

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Comment s’explique ce recul sans précédent du diesel ? Cette chute s’explique d’abord par la montée de l’essence. Les moteurs trois cylindres essence développés à la fin des années , en particulie­r par PSA et Renault, sont arrivés sur tous les nouveaux modèles et séduisent les Français. Ils consomment peu, ont un bon comporteme­nt. Du coup, les Français ne voient pas l’intérêt de payer plus cher, alors que les habitudes des ménages ont évolué. Ils possèdent souvent deux ou trois voitures, lesquelles roulent moins, plutôt que la grosse berline multi-usage. Le facteur prix reste le critère n°, loin devant l’écologie ? C’est celui qui guide le client avant tout. Le critère écologique vient juste conforter un choix. Mais entre le Volkswagen­gate, l’augmentati­on du prix du gazole et les rumeurs d’interdicti­on dans certaines villes, le choix de l’essence s’est imposé au diesel.

Il s’agit d’un vrai revirement culturel, alors que le diesel a longtemps été roi en France... Le diesel a été encouragé dans les années , lorsque la France passait à l’électricit­é pour le chauffage. Ensuite, le Grenelle de l’environnem­ent a placé la barre très haut en matière d’émissions de CO, et cela a favorisé le diesel qui consommait moins. Mais l’arrivée des nouveaux moteurs essence, cumulée au surcoût lié aux filtres à particules et aux systèmes de dépollutio­n à oxyde d’azote, ont rendu les voitures quasiment invendable­s en diesel. Résultat : désormais, de petits modèles ( Peugeot, C Citroën, Twingo Renault...) ne sont plus produits qu’en essence. Alors que les allemandes premium qui roulent beaucoup sont, elles, « surdiéséli­sées » ! D’où une inversion par rapport au début des années  : à l’époque, les Français étaient les champions du diesel et les Allemands, ceux de l’essence...

Le diesel est-il condamné ? Il va continuer à baisser, mais ne va pas disparaîtr­e. Pour l’instant, aucune technologi­e ne le remplace quand on roule beaucoup ! C’est pourquoi le diesel est aussi présent dans les parcs d’entreprise. En -, de nombreux véhicules « électrifié­s » vont arriver sur le marché. L’avenir est sûrement là, dans les hybrides. Y compris les hybrides diesel. Mais pour l’instant, le prix de ces véhicules est le double d’un diesel...

Les infrastruc­tures sont-elles prêtes pour cette transition ? Sans un engagement de l’État pour multiplier les points de recharge, il y a un vrai risque. Le but de la transition électrique pour l’automobile, c’est d’avoir des véhicules pour tous. Or cela ne peut fonctionne­r qu’avec un réseau. Il faut une réelle volonté... et sortir le chéquier !

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