Grégori Baquet sous une pluie d’applaudissements
Dernière représentation, cet après-midi, de la pièce On ne voyait que le bonheur remarquablement interprété par un duo de comédiens qui sait nous toucher sans nous heurter
On ne voyait que le bonheur… L’histoire d’une famille heureuse, bien comme il faut, correctement intégrée dans la vie sociale, bascule soudainement quand Antoine est trompé par sa femme, perd son emploi et… tire sur sa fille de 12 ans 1/2, la défigurant. On bascule rapidement dans les affres et les douleurs d’une jeune adolescente tout autant que dans la dérive d’un homme qui, après la prison, s’exile sur une rive exotique pour tenter de se reconstruire. Le roman de Grégoire Delacourt (dont Grégori Baquet n’a gardé qu’un quart pour mettre en scène une pièce d’une heure vingt) est interprété avec beaucoup de finesse et de pudeur sur un sujet où le drame laisserait emporter des cris et des larmes. Entre Grégori Baquet et Murielle Huet des Aunay qui interprètent tous deux plusieurs personnages, la lente reconstruction d’un amour filial qu’on peut croire brisé à jamais revient peu à peu. « L’idée est de surtout pas miser sur l’horreur que le père fait subir à son enfant. Le sujet est plutôt comment on se sort d’un tel drame. Comment on pardonne ? » A la sortie du spectacle, le comédien explique ses intentions. Lui qui a commencé sa carrière avec des séries télé, des comédies musicales, est devenu un artiste
engagé. « Depuis dix ans, j’ai décidé de me consacrer à des thèmes qui ont du sens et qui peuvent amener une petite pierre dans le coeur des gens.» Le comédien et sa partenaire se réjouissent de l’accueil exceptionnel du public face à une pièce qu’on peut qualifier de «difficile». Murielle Huet des Aunay, elle, n’en revient pas de la réaction du public. « Nous n’avons jamais été autant applaudis. C’est la marque que le Théâtre des Muses rassemble un public fidèle, averti, curieux, sensible, cultivé, érudit sans être élitiste.» Elle se réjouit aussi de l’écrin d’Anthéa Sogno qui, à tous les étages, crée «une ambiance familiale, avec beaucoup de proximité et de bienveillance. Ca me semble assez improbable ici à Monaco. » Et c’est pourtant là… Aujourd’hui encore à 16 h 30, pur la dernière représentation.