La feuille de route du nouvel homme fort de Virbac Interview croisée
Passation de pouvoir au laboratoire carrossois qui a pour ambition de façonner le futur de la santé animale. Un changement dans la continuité
Fin décembre, le conseil de surveillance a officiellement nommé Sébastien Huron à la présidence du directoire du laboratoire mondial dédié à la santé animale. Il succède à Eric Marée qui a fait valeur ses droits à la retraite. Ce vétérinaire de formation n’est pas un nouveau venu puisqu’il a rejoint Virbac en 2006 en tant que directeur de la filiale espagnole et portugaise avant de devenir membre en 2012 du directoire puis directeur des opérations commerciales monde en 2013. Le nouveau homme fort du 7e laboratoire vétérinaire mondial sait exactement où il veut aller.
Comment s’est déroulée la transition ? Très facilement car elle s’est construite dans le temps. Eric Marée, le reste du directoire et moi-même travaillions en grande proximité depuis longtemps.
Quelle est votre vision pour Virbac qui fête ses ans cette année ? Après trois années difficiles en raison de problèmes sur le marché américain (production arrêtée à l’usine de Saint-Louis, ndlr), notre ambition est de partir à la reconquête de la croissance et conquérir de nouveaux territoires. Oui, mais il faut désormais regagner nos parts de marché. Les Etats-Unis étant le premier marché du monde et le premier de Virbac, le problème a affecté l’entièreté du groupe. En dépit de cela, nous Accélérer la transformation digitale du groupe, retrouver la croissance et conquérir de nouveaux marchés, Sébastien Huron
(D.R.) avons continué notre croissance avec une voilure réduite. Surtout, nous avons continué à investir en R&D afin de préparer l’avenir. Notre objectif premier est de réduire la dette pour retrouver des capacités d’investissement. Virbac veut être une société innovante, agile pour façonner le futur de la santé animale.
Comment allez-vous procéder ? Nous avons écrit une nouvelle stratégie que l’on peut résumer par : “où est-ce que l’on joue, comment on gagne et pour qui on le fait”.
Quel est donc votre terrain de jeux ? Avec % du marché mondial, les États-Unis sont un passage obligatoire. Maintenant que nos produits sont progressivement de retour sur le marché, nous allons en lancer de nouveaux et on va retrouver de la croissance. Mais ce sera long. Les pays émergents constituent l’autre levier de croissance. Je souhaiterais que l’on bénéficie davantage de cet effet porteur de ces marchés qui se développent vite. Notre manière d’être et notre portefeuille de produits sont très adaptés. En ligne de mire, l’Inde où nous sommes leaders du marché ; le Brésil où nous investissons lourdement, c’est d’ailleurs le pays qui a fait la plus forte croissance cette année, et la Chine. Nous avons aussi de bonnes perspectives de développement en Afrique du Sud, au Mexique et dans les pays d’Asie. En étant agile et en innovant. Ce qui est rendu possible grâce à notre taille intermédiaire. Le monde dans lequel nous sommes change très vite avec des disruptions technologiques dans tous les secteurs (diagnostic, antiparasitaires…) et notre taille nous permet de nous adapter plus facilement et d’aller sur des segments différents.
Lesquels ? Nous avons deux grands axes de développement : la nutrition (le pet food) et les produits de « cosmétologie » (hygiène de peau et buccale par exemple). À titre d’exemple, Virbac est leader mondial en dentisterie. Ce sont des axes de développement originaux qui représentent une partie significative de notre chiffre d’affaires. Ensuite, nous voulons développer ce que nous appelons les Virbac Busters. En santé vétérinaire, un blockbuster rapporte M€ et il n’en existe que quinze dans le monde. Nous n’en avons aucun. Pour les Virbac Busters, nous avons placé la barre à M€ .Il manque dans notre portefeuille des locomotives qui aideraient à l’image, à la rentabilité du groupe et donc à sa profitabilité.
En avez-vous un en tête ? Le Suprelorin, un implant injectable qui permet d’éviter la castration des chiens. Il est de notre responsabilité sociétale et environnementale d’offrir des alternatives. C’est un produit d’avenir sur lequel nous allons beaucoup communiquer, notamment via des campagnes sur Facebook et les réseaux sociaux.
La transformation digitale estelle importante pour Virbac ? Oui et on va l’accélérer avec de nombreuses initiatives. Nous avons recruté des personnes qui nous aideront à nous transformer digitalement. Nous investissons aussi dans des CRM BtoC pour toucher le client final. D’ailleurs, cela répond à la question de “pour qui on le fait” : pour nos clients et nos employés. Virbac a toujours accordé beaucoup d’importance à ses clients et ses collaborateurs ; c’est dans son ADN. Mais on veut désormais définir des parcours clients pour leur offrir la meilleure expérience possible. Nos équipes de R&D, de production, fonction support… iront à leur rencontre pour mieux les comprendre. Nos collaborateurs sont aussi le secret de notre réussite. J’ai une profonde admiration pour la résilience dont ils ont fait preuve ces trois dernières années et pour leur engagement. C’est la qualité des équipes qui fera la différence avec des grands laboratoires du marché. On est moins nombreux mais nous avons une meilleure qualité de coopération et de collaboration entre les équipes.