Monaco-Matin

Les accusation­s d’un retraité varois sur la veuve noire

La cour et les jurés ont étudié hier trois cas de retraités dont l’état de santé, au contact de Patricia Dagorn, s’est dégradé. Le récit de Robert Vaux, fringant retraité varois, est édifiant

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

A88 ans, Robert Vaux, domicilié à Fréjus, est un épicurien à la vivacité d’esprit intacte. En 2011, alors qu’il fréquente depuis quelques semaines Patricia Dagorn, 57 ans, qu’il a rencontrée via une agence matrimonia­le, ses amis s’inquiètent. Robert, d’habitude plein d’énergie et de jovialité, a perdu de son allant. «Comment vous êtes-vous aperçu que vous étiez drogué?», lui demande le président Delaunay. «Un ami très proche qui, d’habitude, me poussait à faire des activités m’a dit: “Robert, ne prends plus ta voiture, tu n’es plus en état.” »

« Il m’a dit que j’étais en danger de mort »

Son médecin, inquiet de voir son patient décliner, l’exhorte à se soumettre à une analyse de sang. Celle-ci révèle la présence de Valium. «Il m’a dit que j’étais en danger de mort», explique le retraité. J’avais du mal à croire la réalité. Je suis allé voir une amie pharmacien­ne. Elle m’a dit : “Tu aurais pu mourir.” » Patrica Dagorn, surnommé «la veuve noire », accusée de quatre empoisonne­ments dont deux mortels, est invitée à s’expliquer. D’une voix posée, avec une élocution parfaite, l’accusée se défend : « M. Vaux m’avait accueillie. J’avais tous mes flacons dans une valise fermée à clef. Un après-midi, il m’a proposé un verre de Peppermint. J’ai mis quatre à cinq gouttes dans mon verre. Je l’ai répété tout au long de mon incarcérat­ion. Elles m’étaient destinées, pas à lui. Au retour de la cuisine, je précise que les deux verres avaient été avalés. Et je l’ai dit à M. le juge d’instructio­n. »

« Construire des studios à Madagascar, aux Seychelles »

« Vous parliez à l’époque d’inversion de verres », remarque le président. Robert Vaux lève le doigt pour intervenir: « Quand je bois un verre, je ne bois pas celui de la personne avec qui je suis.» « J’ai été drogué pendant un mois au Valium », insiste-t-il. Ancien salarié monégasque, il sentait au fond de lui que Patricia Dagorn n’était pas du même monde. « Elle me demandait constammen­t de l’argent, 100000, 350 000. Elle voulait faire construire des studios à Madagascar, aux Seychelles, où l’on aurait vécu heureux sous les tropiques », se souvient-il, en riant. «Vous étiez flatté d’avoir une femme plus jeune ? », suggère Me Rimondi, l’un des deux défenseurs de l’accusée. « Évidemment, répond du tac au tac le retraité avec son accent chantant. Àlafin de l’automne, on a tendance à ralentir le pas pour profiter du rayon de soleil. Mais je ne suis pas naïf. » Son notaire, assailli de courriers de Mme Dagorn, ne l’est pas non plus. Il flaire l’entourloup­e : « J’ai reçu dix pages écrites non datées avec un leitmotiv : la jouissance de tous les biens et des comptes bancaires de M. Vaux. Un processus de dépouillem­ent en règle », précise l’officier ministérie­l, qui mettra en garde son client. Une nuit, Robert Vaux découvre un courrier de Patricia Dagorn pour l’inviter à son mariage avec un inconnu suisse. «Dès lors, c’était cassé. Je l’ai mise dehors », explique le retraité.

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(Photo Frantz Bouton) Robert a vécu trois mois avec la « veuve noire ».

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