Fête du citron : un mois avant le show Bollywood
Le 17 février prochain, l’Inde et sa célèbre industrie du cinéma musical investira la cité des citrons pour une 85e édition haute en couleurs. Plongée dans les coulisses des préparatifs…
Le compte à rebours est lancé. Dans un mois tout pile, Menton d’ordinaire teintée d’influences italiennes se mettra aux couleurs (explosives) de l’Inde. Après Cinecittà et Broadway, la Fête du Citron achève cette trilogie avec l’univers musical et dansant de Bollywood. Si rien, dans les venelles de la cité, ne laisse réellement présager de l’imminence de cette 85e édition, sur les hauteurs de la commune, on s’active à l’abri des regards indiscrets. Dans la vallée du Fossan, aux anciens abattoirs, les « petites mains » planchent depuis des mois sur les motifs et chars monumentaux. Dans ces ateliers municipaux, joyeux « bordel » où il fleure bon la peinture, on pose un regard furtif sur les plans de ce millésime 2 018. On imagine déjà le Dieu Ganesh toiser du regard la déesse Shiva dans les jardins Biovès. Ou un bouddha en train de s’acoquiner dangereusement avec un charmeur de serpents et un éléphant. Treize motifs sont prévus pour cette quinzaine de festivités, dont le plus grand flirte avec les douze mètres. Et dix chars défileront sur un parcours sous haute sécurité policière. « Il y a le Maharaja, Coup de foudre à Bollywood, le Rickshaw qui est un tricycle, le tigre, le singe… », liste Ange Landra, le coordonnateur de tous les corps de métiers
(1), sans en dévoiler davantage.
Fruitage début février
Depuis le temps, la mécanique est bien rodée. Réglée comme du papier à musique. Chacun a une tâche bien définie. Dans un hangar, les chars sont habillés d’un grillage qui disparaîtra sous un manteau d’agrumes, importés d’Espagne. « On prévoit 150 tonnes de citrons et d’oranges pour cette année. Le fruitage se fera début février. On ne le fait pas trop tôt sinon ils pourrissent avec le soleil ou la pluie », explique Ange Landra. Plus loin, Ghislaine et Carole confectionnent des parures de bijoux que les personnages mythiques de Bollywood porteront bien volontiers. Lesquels semblent plus vrai que nature, grâce aux mains d’orfèvre des sculpteurs et peintres. Dans un coin, Audrey, aérographe à la main, peaufine les têtes de l’empereur Jodhaa et de la princesse Akbar. « En moyenne, je mets un jour et demi pour chaque personnage. Il faut de la couleur dans les vêtements et dans les bijoux.» Cette année, les mains créatives
s’appuient sur une nouvelle technique et un nouveau matériau : la mousse plastazote sur lequel on peut imprimer. De surcroît plus souple et susceptible d’épouser les formes. Avec un rendu plus esthétique et résistant aux affres du temps. « Sans cette technique carnavalière, on aurait eu du mal à faire les tissus », admet Christophe Ghiena, directeur du Centre technique municipal. Ou comment la Fête du citron se réinvente d’année en année.
Électriciens, serruriers, menuisiers, peintres…