Philharmonique : une affaire de femmes!
Une femme chef d’orchestre et une chanteuse lyrique prennent en mains le concert de dimanche
Pour son premier concert de l’année, le Philharmonique de Monte-Carlo, dimanche, sera – fait rarissime - dirigé par une femme. Cette femme sera l’Australienne Simone Young. Quant à la soliste, ce sera la soprano d’Afrique du Sud Elza van den Heever, qui fait partie des grandes voix de notre époque. Ces deux femmes nous feront entendre à travers leur musique divers aspects de la passion amoureuse : l’amour passion, l’amour trahi, l’amour déçu. L’amour passion sera entendu au travers d’un air de l’unique opéra de Beethoven, Fidelio ,lequel opéra raconte l’histoire d’une femme qui se déguise en homme pour pénétrer dans une prison et délivrer son mari prisonnier politique. Tel est l’amour idéal selon Beethoven – lui qui en a toujours rêvé et dont on a trouvé dans sa chambre mortuaire une lettre « A l’immortelle bien aimée » qu’il n’avait jamais osé envoyer à sa destinataire ! L’amour trahi sera exprimé au travers d’un autre air du même Beethoven, Ah, Perfido, dans lequel une femme hurle sa colère face à un homme qui l’abandonne. Toute la force de la musique beethovénienne se trouve dans cet air qui dure près d’un quart d’heure. Quant à l’amour déçu, ce sera celui de la Petite Sirène – oui la sirène célèbre du conte d’Ardersen que le compositeur autrichien Alexandre Zemlinsky a mis en musique. Vous connaissez l’histoire de cette fille des ondes amoureuse d’un beau marin qu’elle a secouru lors d’un naufrage, qui a la douleur de voir celui-ci épouser une autre femme qu’elle. Le compositeur Zemlinsky, qui a vécu au début du XXe siècle, et qui a suivi l’émigration juive en Amérique au temps des nazis, a écrit cette musique pour exorciser un chagrin d’amour personnel. Il fut abandonné par la jeune femme, Alma, dont il était follement amoureux et qui a préféré se marier avec un autre compositeur plus célèbre que lui, Gustav Mahler. Sans ce chagrin, cette belle musique expressive, expressionniste, n’existerait pas. C’est ainsi que le malheur des compositeurs fait parfois le bonheur des auditeurs… DR) Savoir + Dimanche, à 18 heures, Auditorium Rainier-III. Tarifs : 26 à 50 euros. Tel. 98.96.28.28. À 17 heures, présentation des oeuvres. Entrée libre.