Prince Albert II: «Un type remarquable»
Il y a sûrement matière à une coopération ”
Le 9 janvier dernier, le prince Albert II a adressé ses plus sincères félicitations au nouveau président du Liberia. Une missive habituelle à l’avènement d’un nouveau chef d’État. Sauf que l’élu avait le visage familier de l’espoir et la plume le ton amical. «Cher George, je vous souhaite le même succès dans vos futures responsabilités que lors de votre carrière sportive. » Au lendemain du match nul arraché par Falcao au voisin niçois, le souverain a accepté d’ouvrir la boîte à souvenirs et affirmé qu’il serait le premier supporter du légendaire n° 9 de l’ASM – « un type remarquable» –, dans «l’immense chantier» qui l’attend.
Comment avez-vous accueilli le fait que « Mister George » accède à la présidence du Liberia ? Je trouve qu’on passe un peu rapidement sur son parcours à Monaco. On se concentre sur George Weah parisien, George Weah milanais, et on oublie qu’il a été un de nos meilleurs joueurs de tous les temps. Un type assez remarquable. Jeune joueur, on sentait d’abord son talent, sa puissance, sa vitesse et ses qualités techniques. Mais c’était aussi, même s’il n’a pas été capitaine, un meneur. Il avait de l’influence sur l’équipe et surtout sur les autres joueurs africains. Il a participé à de belles saisons du club.
Sa conscience politique et son engagement ont été précoces.
Avez-vous le souvenir de leur manifestation ? On avait des rapports amicaux mais je ne me souviens pas d’avoir vraiment échangé d’idées politiques à l’époque. Juste qu’il était très intéressé par ce qu’il se passait, non seulement dans son pays et sur son continent, mais dans l’actualité en général. C’est extraordinaire qu’il soit devenu président, mais ça ne m’étonne pas qu’il se soit engagé en politique pour essayer d’apporter sa contribution à son pays. Ça se sait maintenant, mais il payait les salaires des fonctionnaires à l’ambassade du Liberia! Je trouve ça incroyable.
Un homme fidèle à son pays et issu du ghetto, qui semble porter beaucoup d’espoirs en Afrique de l’Ouest. Vous qui revenez du Burkina Faso, est-ce quelque chose de perceptible sur place ? J’ai échangé avec le président du Burkina Faso qui voyait ça très positivement et pense que ça va vraiment apporter un souffle nouveau. Une autre perspective pour ces pays qui sont très attachants et très beaux mais ont d’énormes problèmes économiques, sociaux, démographiques ou environnementaux. Je pense que « Mister George » peut apporter beaucoup, pas uniquement par sa notoriété et sa carrière de footballeur, mais par ses idées et sa capacité de persuasion.
Peut-on envisager que dans les mois ou années à venir, le Liberia devienne un partenaire de Monaco? A l’image des liens d’amitié noués avec le Burkina ? Il y a sûrement matière à une coopération et je vais bien sûr l’envisager. Voir avec notre département des Relations Extérieures et la direction de la Coopération les possibilités qu’il y aurait au Liberia. Ce pourrait être dans les domaines habituels de santé, d’éducation, d’environnement… Ou même humanitaire, comme ce qu’on a pu faire avec la Croix-Rouge et la Protection civile au Burkina. Il faut bien étudier ça mais nous serions très heureux d’accompagner le président Weah et le Liberia.
Où placez-vous Weah au panthéon des n° de l’ASM ? Parmi les Falcao, Trezeguet, Anderson? N’oublions pas Onnis aussi ! C’est difficile d’établir un classement mais je pense qu’il est dans le trio de tête.
Humainement, Weah a laissé une empreinte indélébile à Monaco… Tout le monde à qui j’ai pu parler en garde un excellent souvenir. Celui de quelqu’un qui avait ce petit plus par rapport à d’autres joueurs. D’un point de vue de ses capacités techniques mais aussi intellectuellement. Il se posait les bonnes questions.