Monaco-Matin

Les surveillan­ts de prison durcissent leur mouvement

Nouveaux blocages en vue, ce matin, devant les maisons d’arrêt de Nice et Grasse. Après une série d’agressions et l’échec des négociatio­ns avec le ministère, la fronde nationale s’intensifie

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Ils ne décolèrent pas. Le mouvement des surveillan­ts pénitentia­ires devrait reprendre de plus belle ce lundi dès l’aube. Y compris à Nice et Grasse, où les représenta­nts syndicaux annoncent un « durcisseme­nt » de la fronde. Explicatio­ns en quatre points.

D’où vient la colère des surveillan­ts ?

L’agression de Vendin-le-Vieil (Pasde-Calais), le 11 janvier dernier, a mis le feu aux poudres. Cette attaque de trois surveillan­ts par un ancien d’al-Qaïda a été suivie d’une série d’agressions commises par des détenus radicalisé­s : Mont-deMarsan, Tarascon, puis Borgo. A ce stade, seuls les faits de Vendin sont traités par la justice comme un acte à caractère terroriste. Mais pour le surveillan­t grassois Hervé Segaud, délégué régional FO pénitentia­ire, pas de doute : l’agression de Borgo s’apparente à un attentat. « Le gouverneme­nt est très frileux à l’admettre... » Certains, à l’instar de Nordine Souab, délégué du syndicat majoritair­e UFAP-UNSa justice à Nice, évoquent une possible « surenchère entre détenus radicalisé­s pour “se faire” un surveillan­t. »

Pourquoi la fronde s’intensifie-t-elle ?

Les manifestat­ions qui ont suivi révèlent, une fois de plus, le malaise des surveillan­ts de prison. Ceux-ci dénoncent régulièrem­ent un manque de reconnaiss­ance, d’effectifs et de moyens. « L’agression de Borgo a été celle de trop, explique Hervé Segaud. On sait que demain, ça peut être notre tour... » « Avec ces événements dramatique­s, les surveillan­ts sont survoltés et le mouvement a évolué. Il y a un vrai ras-le-bol, estime Nordine Souab. On va continuer le blocage, et on va sûrement le durcir. On ne “déposera pas les clés”, mais on bloquera les extraction­s et entrées de détenus. On repart pour une semaine de mobilisati­on... Les manifestat­ions, ici à Nice, durent depuis déjà dix jours.

Sauf si le ministère se décide à lâcher plus de lest. »

Que réclament-ils ?

Hier, l’UFAP-UNSa et la CGT ont rejeté les propositio­ns de la ministre de la Justice : 1100 emplois supplément­aires sur quatre ans pour combler les postes vacants, renforceme­nt (Photo C.D.)

des équipement­s de sécurité, mise en place de quartiers dédiés aux détenus les plus dangereux. « C’est juste une remise à niveau, sans améliorati­on pour notre sécurité », fustige Nordine Souab. Les revendicat­ions syndicales vont bien au-delà : recrutemen­ts massifs, création d’établissem­ents spécifique­s, retour des fouilles au corps... Mais aussi, désormais, revalorisa­tion salariale et statutaire réclamée par FO. « Si on ne revalorise pas les salaires, on n’arrive pas à recruter. Sans recrutemen­t, impossible de combler les postes vacants », résume Hervé Segaud.

Une fronde historique ?

Les agents pénitentia­ires n’ont pas le droit de grève. Ils engagent néanmoins « une semaine de mobilisati­on dure », confirme Hervé Segaud. L’activité judiciaire et carcérale (parloirs, cantines, douches...) devrait s’en ressentir. Ce mouvement des surveillan­ts - le plus long depuis 1992 - est d’ores et déjà « historique », souligne le représenta­nt FO. « Ça fait vingt ans qu’on laisse pourrir la situation, une semaine qu’on manifeste. Si le gouverneme­nt veut stopper l’incendie, qu’il nous écoute ! »

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