Les surveillants de prison durcissent leur mouvement
Nouveaux blocages en vue, ce matin, devant les maisons d’arrêt de Nice et Grasse. Après une série d’agressions et l’échec des négociations avec le ministère, la fronde nationale s’intensifie
Ils ne décolèrent pas. Le mouvement des surveillants pénitentiaires devrait reprendre de plus belle ce lundi dès l’aube. Y compris à Nice et Grasse, où les représentants syndicaux annoncent un « durcissement » de la fronde. Explications en quatre points.
D’où vient la colère des surveillants ?
L’agression de Vendin-le-Vieil (Pasde-Calais), le 11 janvier dernier, a mis le feu aux poudres. Cette attaque de trois surveillants par un ancien d’al-Qaïda a été suivie d’une série d’agressions commises par des détenus radicalisés : Mont-deMarsan, Tarascon, puis Borgo. A ce stade, seuls les faits de Vendin sont traités par la justice comme un acte à caractère terroriste. Mais pour le surveillant grassois Hervé Segaud, délégué régional FO pénitentiaire, pas de doute : l’agression de Borgo s’apparente à un attentat. « Le gouvernement est très frileux à l’admettre... » Certains, à l’instar de Nordine Souab, délégué du syndicat majoritaire UFAP-UNSa justice à Nice, évoquent une possible « surenchère entre détenus radicalisés pour “se faire” un surveillant. »
Pourquoi la fronde s’intensifie-t-elle ?
Les manifestations qui ont suivi révèlent, une fois de plus, le malaise des surveillants de prison. Ceux-ci dénoncent régulièrement un manque de reconnaissance, d’effectifs et de moyens. « L’agression de Borgo a été celle de trop, explique Hervé Segaud. On sait que demain, ça peut être notre tour... » « Avec ces événements dramatiques, les surveillants sont survoltés et le mouvement a évolué. Il y a un vrai ras-le-bol, estime Nordine Souab. On va continuer le blocage, et on va sûrement le durcir. On ne “déposera pas les clés”, mais on bloquera les extractions et entrées de détenus. On repart pour une semaine de mobilisation... Les manifestations, ici à Nice, durent depuis déjà dix jours.
Sauf si le ministère se décide à lâcher plus de lest. »
Que réclament-ils ?
Hier, l’UFAP-UNSa et la CGT ont rejeté les propositions de la ministre de la Justice : 1100 emplois supplémentaires sur quatre ans pour combler les postes vacants, renforcement (Photo C.D.)
des équipements de sécurité, mise en place de quartiers dédiés aux détenus les plus dangereux. « C’est juste une remise à niveau, sans amélioration pour notre sécurité », fustige Nordine Souab. Les revendications syndicales vont bien au-delà : recrutements massifs, création d’établissements spécifiques, retour des fouilles au corps... Mais aussi, désormais, revalorisation salariale et statutaire réclamée par FO. « Si on ne revalorise pas les salaires, on n’arrive pas à recruter. Sans recrutement, impossible de combler les postes vacants », résume Hervé Segaud.
Une fronde historique ?
Les agents pénitentiaires n’ont pas le droit de grève. Ils engagent néanmoins « une semaine de mobilisation dure », confirme Hervé Segaud. L’activité judiciaire et carcérale (parloirs, cantines, douches...) devrait s’en ressentir. Ce mouvement des surveillants - le plus long depuis 1992 - est d’ores et déjà « historique », souligne le représentant FO. « Ça fait vingt ans qu’on laisse pourrir la situation, une semaine qu’on manifeste. Si le gouvernement veut stopper l’incendie, qu’il nous écoute ! »