: la France renonce à l’Exposition universelle
La Coupe du monde de rugby 2023, les jeux Olympiques 2024 mais pas l’Exposition universelle 2025 : la France a retiré sa candidature à l’organisation de l’Expo invoquant le risque financier, au grand dam des promoteurs du projet. L’annonce a été faite dans un courrier adressé vendredi par le Premier ministre Edouard Philippe au comité d’organisation, révélé par le Journal du dimanche (JDD). « J’ai décidé de ne pas donner suite à la candidature de la France à l’Exposition universelle, qui sera retirée », écrit le chef du gouvernement à Pascal Lamy, président du Groupement d’intérêt public Expofrance 2025, après avoir déjà tranché cette semaine dans le lourd dossier de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Les “faiblesses structurelles” du modèle français
Le Premier ministre pointe notamment les « faiblesses structurelles » du modèle économique du projet français et précise que dans le contexte de « redressement de nos finances publiques », il refuse de « grever l’avenir (...) d’engagements supplémentaires non maîtrisés ». La présidente de l’Ile-de-France Valérie Pécresse (LR) a dénoncé une « décision précipitée, soudaine » ,le Premier ministre ayant « unilatéralement décidé que le modèle économique ne lui convenait pas ». « Je ne voudrais pas que finalement l’Etat recule sur tous les grands projets d’investissements structurants de ce pays », a-t-elle ajouté au Grand jury RTL/Figaro/LCI, disant sa crainte d’un abandon du projet de la ligne de métro 18 du Grand Paris Express alors que des arbitrages de l’exécutif sont attendus dans la semaine. Jean-Christophe Fromantin (DVD), président du comité de candidature, a vivement réagi sur Twitter : « Je ne me retrouve pas dans cette France qui renonce, qui recule ou qui s’excuse ».« Incompréhensible » et « triste » que le Premier ministre « décide seul d’annuler un projet porté par les territoires depuis 7 ans », a aussi tweeté le vice-président du comité d’organisation, Luc Carvounas (PS). Dans sa lettre, Edouard Philippe estime que les engagements qu’il avait demandés fin septembre concernant la « solidité du dispositif opérationnel proposé par la France » ne sont pas tenus. La candidature française, bâtie autour du pôle scientifique et technologique de Paris-Saclay, au sud de la capitale, a été déposée fin septembre auprès du Bureau international des expositions (BIE). Emmanuel Macron l’avait alors soutenue comme l’occasion pour la France « d’apporter sa contribution
à une nouvelle ambition universelle ». Le Premier ministre relève également que « la marge d’aléas » du projet « ne permet pas d’absorber certaines hypothèses de fréquentations défavorables ».
La Russie, le Japon et l’Azerbaïdjan en lice
Les scénarios envisagés tablaient sur une fréquentation comprise entre 35 et 40 millions de visiteurs avec une hypothèse haute à 65 millions. M. Philippe met enfin en avant le manque de partenaires privés prêts à « s’exposer significativement » au « risque commercial de l’exposition ». Le retrait de la France laisse la voie libre aux trois autres pays candidats pour accueillir l’Exposition de 2025: la Russie (Ekaterinbourg), le Japon (Osaka) et l’Azerbaïdjan (Bakou). Le choix du pays hôte doit être annoncé le 15 novembre 2018.