On ne peut pas tout avoir
L’Exposition universelle ne se tiendra donc pas à Paris en . C’est le Premier ministre qui a retiré, hier, la candidature de la France à cette manifestation mondiale, mettant fin à plusieurs années de réunions, d’expertises, de rêve. Un beau projet qui devait marquer un centenaire : celui de la même exposition qui avait eu lieu à Paris en avril et marqué un des sommets des arts décoratifs et industriels de l’entre deux guerres. Edouard Philippe, à qui revient décidemment le rôle difficile de mettre fin aux inextricables problèmes en cours, pointe du doigt, dans les raisons qu’il donne à ce renoncement, les risques financiers de l’opération, le peu d’appétit des partenaires privés, et enfin, instruit du semi-échec de la dernière exposition qui avait été organisée à Milan en , il souligne l’impossibilité de prévoir la fréquentation d’une telle manifestation. Il refuse donc de « grever l’avenir d’engagements supplémentaires non maîtrisés. » Colère évidemment dans l’équipe, mobilisée depuis longtemps, autour de ce projet, qui conteste les raisons invoquées par Edouard Philippe : ceux-là craignent, Valérie Pécresse s’en est fait la porte-parole hier, que le coup d’arrêt donné à l’Exposition universelle corresponde en réalité à un recul sur les aménagements prévus en matière de transports annoncés dans la région parisienne. Déjà, en effet, le gouvernement prévoit un nouvel arbitrage sur le périmètre et le calendrier du métro Grand Paris Express. On comprend, bien sûr, la déception de toute une équipe, composé d’experts mais aussi d’élus de gauche et de droite, qui se penchait avec un bel ensemble sur l’aventure de l’exposition universelle. Mais une chose est sûre : la France ne peut pas courir trop de lièvres à la fois. Elle a obtenu l’organisation des Jeux Olympiques en , mais auparavant, en décembre , celle de la Coupe du monde de rugby. Sans oublier la Ryder cup de golf, compétition entre l’Europe et les Etats Unis, qui aura lieu en France en décembre . Toutes ces manifestations correspondent pour l’Etat à des incontournables paris : ceux de la rentabilité, surtout à un moment où le gouvernement affirme sa volonté de contenir la dette. L’Exposition universelle, un beau rêve, sacrifié donc sur l’autel des grands équilibres financiers.
« Les JO en 2024, la Coupe du monde de rugby en 2023 et la Rider Cup de golf en décembre... »