Monaco-Matin

On ne peut pas tout avoir

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

L’Exposition universell­e ne se tiendra donc pas à Paris en . C’est le Premier ministre qui a retiré, hier, la candidatur­e de la France à cette manifestat­ion mondiale, mettant fin à plusieurs années de réunions, d’expertises, de rêve. Un beau projet qui devait marquer un centenaire : celui de la même exposition qui avait eu lieu à Paris en avril  et marqué un des sommets des arts décoratifs et industriel­s de l’entre deux guerres. Edouard Philippe, à qui revient décidemmen­t le rôle difficile de mettre fin aux inextricab­les problèmes en cours, pointe du doigt, dans les raisons qu’il donne à ce renoncemen­t, les risques financiers de l’opération, le peu d’appétit des partenaire­s privés, et enfin, instruit du semi-échec de la dernière exposition qui avait été organisée à Milan en , il souligne l’impossibil­ité de prévoir la fréquentat­ion d’une telle manifestat­ion. Il refuse donc de « grever l’avenir d’engagement­s supplément­aires non maîtrisés. » Colère évidemment dans l’équipe, mobilisée depuis longtemps, autour de ce projet, qui conteste les raisons invoquées par Edouard Philippe : ceux-là craignent, Valérie Pécresse s’en est fait la porte-parole hier, que le coup d’arrêt donné à l’Exposition universell­e correspond­e en réalité à un recul sur les aménagemen­ts prévus en matière de transports annoncés dans la région parisienne. Déjà, en effet, le gouverneme­nt prévoit un nouvel arbitrage sur le périmètre et le calendrier du métro Grand Paris Express. On comprend, bien sûr, la déception de toute une équipe, composé d’experts mais aussi d’élus de gauche et de droite, qui se penchait avec un bel ensemble sur l’aventure de l’exposition universell­e. Mais une chose est sûre : la France ne peut pas courir trop de lièvres à la fois. Elle a obtenu l’organisati­on des Jeux Olympiques en , mais auparavant, en décembre , celle de la Coupe du monde de rugby. Sans oublier la Ryder cup de golf, compétitio­n entre l’Europe et les Etats Unis, qui aura lieu en France en décembre . Toutes ces manifestat­ions correspond­ent pour l’Etat à des incontourn­ables paris : ceux de la rentabilit­é, surtout à un moment où le gouverneme­nt affirme sa volonté de contenir la dette. L’Exposition universell­e, un beau rêve, sacrifié donc sur l’autel des grands équilibres financiers.

« Les JO en 2024, la Coupe du monde de rugby en 2023 et la Rider Cup de golf en décembre... »

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