Campus de l’apprentissage: la vision de l’architecte Grand angle
Comment créer un lieu idéal de rencontre et d’activité où cohabiteront formation, entrepreunariat et logements ? Les explications de Corinne Vezzoni, architecte
La maquette du futur Campus régional de l’apprentissage implanté en plein coeur de l’Eco-Vallée à Nice a été dévoilée il y a quelques jours à la Chambre de commerce et d’industrie Nice Côte d’Azur qui pilote le projet avec Habitat 06. La maîtrise d’oeuvre associée formée par l’agence Corinne Vezzoni & Associés et ABC Architecte (mandataire) a remporté en mars dernier le concours public d’architecture. Elle réalisera le projet de 24 000 m2 qui accueillera à terme 2 000 alternants par an du niveau CAP au diplôme d’ingénieur. Comment conçoit-on un programme qui mélange plusieurs fonctionnalités urbaines habituellement séparées : habitation, apprentissage et entrepreneuriat ? Les explications de Corinne Vezzoni qui a livré The Camp en septembre à Aix et réalise actuellement le projet Chalucet, quartier de la créativité et de la connaissance, à Toulon.
Microville
«L’intérêt du campus est qu’une multitude d’activités vont s’y croiser, se superposer et échanger: c’est, sur un même site, une microville qui vit 24h sur 24. Les logements se vident quand les bureaux se remplissent, quand l’école ouvre… » Et inversement le soir venu. Le Campus régional de l’apprentissage vient s’insérer entre l’avenue Simone-Veil où passe le tramway et un autre axe à l’arrière plus calme. «On a installé les programmes hauts et puissants sur l’avenue Simone-Veil et à l’arrière, les logements familiaux. Je voulais une variété de hauteurs, que l’on ait l’impression d’une ville en condensé avec des rythmes différents. A chaque bloc correspond un programme. L’élément signal (la tour de logements des étudiants culmine à 55 m) annoncera l’entrée dans le campus. » Côté quartier, des petits (©Corinne Vezzoni et Associés Architectes-perspective Golem Images et K.W.) îlots, plus fragmentés, redonnent une échelle plus domestique. Entre les deux, on découvre de grands jardins, orientés plein sud et en restanques successives, qui alimenteront les activités différentes.
Inspiration méditerranéenne
Deux idées maîtresses ont guidé la réflexion de l’architecte: utiliser l’intelligence du lieu en profitant de l’ensoleillement et en se protégeant des vents dominants. «Je prône le sans-technologie. Pour cela, il faut savoir bien s’orienter et s’ouvrir au sud. Ainsi on capte un maximum de soleil. Les bâtiments répondent aux normes écologiques et sont autosuffisants. Le jardin intérieur est protégé de tous les vents, ce qui crée un microclimat. On pourra y planter des jacarandas.» C’est cette réponse méditerranéenne qui, selon Corinne Vezzoni, a séduit le jury. « Tout comme les différentes altimétries. La ville contemporaine, contrairement à la classique où tout est aligné, a du mouvement. » Le projet a une même écriture architecturale : très blanche, scandée de ventelles verticales filtrant le soleil, qui viendront l’envelopper comme une résille. « Le blanc pour jouer les contrastes ombres et lumières apportés par la fragmentation des blocs. »
Et l’aménagement intérieur ?
Les voies de circulation donnent toujours des visions sur la ville et la lumière extérieure irrigue le bâtiment. Un point primordial pour Corinne Vezzonni qui veut éviter d’éclairer les halls dans la journée. « On travaille encore sur l’aménagement des salles de cours puisque le contenu pédagogique n’est pas encore