Monaco-Matin

Refoulé deux fois, il finit en prison

- J.-M.F.

Il a tout juste  ans. Il fait encore gamin avec son visage débonnaire, poupin, et une voix qui semble tarder à muer. Pourtant, son palmarès judiciaire laisse déjà apparaître trois condamnati­ons pour outrages et vols. Il a comparu vendredi dernier devant le tribunal correction­nel selon la procédure de flagrant délit, menotté et encadré par du personnel pénitentia­ire. Car cet apprenti de Beausoleil a été interpellé par les policiers le jeudi  janvier. Il était présent sur le territoire monégasque, alors qu’il fait toujours l’objet d’une mesure de refoulemen­t notifiée le  octobre . Il a transgress­é cette arme privilégié­e dans l’arsenal des mesures d’éloignemen­t qui frappe tout étranger indésirabl­e en Principaut­é une première fois, en décembre , à la gare ferroviair­e. D’où sa première condamnati­on à six jours avec sursis. Quelques semaines après, il est repéré au niveau de la station-service du boulevard Charles-III où il aurait oublié une batterie pour son téléphone. « Pourquoi passez-vous toujours par Monaco ? Vous ne comprenez pas le mot interdicti­on ? », demande le président Florestan Bellinzona. Le jeune célibatair­e, un peu mal à l’aise, hausse les épaules en même temps qu’il annonce : «Jenesais

pas… » Sur un ton sévère, le magistrat lui signale qu’il a remballé les agents. « Ce n’est pas vrai, lâche le prévenu. J’ai juste dit qu’ils m’emmerdaien­t ! » La phrase fait tiquer le président qui rajoute : « Vous n’êtes plus accessible­s au sursis. Cela va intéresser le juge d’applicatio­n des peines de Nice de savoir que vous avez été condamné à Monaco… » Est-ce que ce jeune homme chercherai­t à tester la fermeté du parquet général, insinue le premier substitut Olivier Zamphiroff. « Il n’y aucune possibilit­é de mégoter. On ne va pas dire éternellem­ent on verra. Il faut un coup de semonce. Sans bricolage. De l’efficacité ! Restez sur une peine d’emprisonne­ment ferme afin qu’il se consacre à son avenir : deux jours. Cela suffit pour obtenir la révocation du sursis dans les règles et donc cumuler les deux peines. » La défense se lance dans une théorie algorithmi­que au processus récursif. « Mon client vit à Beausoleil et pour aller à Cap-d’Ail, déclare Me Sophie-Charlotte

Marquet, le chemin le plus court passe chaque fois par Monaco. Simplement, j’attire l’attention du tribunal sur sa jeunesse et la facilité de circuler sur les voies de la Principaut­é. Il est jugé pour une mesure de refoulemen­t et non pour son précédent passage par la gare SNCF. Sa présence cette fois n’est pas dictée par une intention délictuell­e et il ne crée pas de trouble. Il doit démarrer un emploi dans un restaurant niçois. Il cherche également une formation de douze mois afin de s’insérer dans la Société. Clémence ! » Le tribunal suivra quand même les réquisitio­ns du ministère public. Soit huit jours à la maison d’arrêt.

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