Monaco-Matin

Assises : quatre heures d’épouvante à St-Laurent

- G. L.

C’est le procès de quatre heures d’épouvante. 14 400 secondes d’un incroyable supplice. Roger Levy, 56 ans, est jugé depuis hier devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes, présidée par Patrick Véron, pour tentative d’assassinat sur son ex-compagne, et enlèvement. C’était dans la nuit du 22 au 23 mai 2015. Ce soir-là, Roger Levy l’avait attendue devant son garage. Après une période passionnel­le, leur amour s’était délité. Elle avait découvert l’autre facette de son homme, celle du joueur invétéré, menteur parfois, au point d’avoir à se faire soigner. Elle avait souhaité prendre le large mais il ne l’avait pas accepté. Ce 22 mai, quand elle ouvre le box de son parking vers 23 h 30 chez elle à Saint-Laurent-du-Var, il est là, derrière. Elle ne le voit pas. Elle sent juste s’abattre sur l’arrière du crâne comme un bout de bois. S’écroule. Se retrouve sans comprendre rouée de coups.

« T’es coriace, tu crèves pas... »

L’épouvante, la cour d’assises l’a touchée du doigt en visionnant les photos du parking après l’agression. Terrifiant­es. La branche de lunettes cassée retrouvée au sol, au pied du box fermé, clé encore insérée dans la serrure, en dit presque autant sur la violence de ce soir-là que l’insoutenab­le mare de sang s’écoulant dans une grille d’évacuation. La salle d’audience plonge en apnée émotionnel­le. « T’es coriace, tu crèves pas », lui a cyniquemen­t lancé l’accusé en la tabassant au sol. Face aux images projetées sur un grand écran, la victime s’effondre en pleurs. Ce 22 mai, Roger Levy la force ensuite à monter dans la voiture, et l’embarque dans un sanglant road movie de quatre heures. Prétendant l’emmener aux urgences, il la conduit en fait sur la route de Vence.

« Ilvametuer! »

En sang, un bout de cuir chevelu pendant sur le côté du crâne, elle réussit à s’échapper en attrapant le frein à main. Se jette sur une voiture arrivant en face, tente de monter, sans succès. « Ilvametuer! », hurlet-elle. Il la rattrape. Pendant ce temps, les occupants de l’autre voiture préviennen­t la police. Roger Levy la dépose finalement à Saint-Laurent-du-Var devant l’institut ArnaultTza­nck où il prétend ne pas la connaître. Il sera arrêté dans la foulée. 14 400 secondes d’horreur. À l’énoncé de ces faits on imagine une brute épaisse. On se rassurerai­t à voir dans le box un colosse au regard mauvais. Mais l’accusé présente plutôt bien. Taille moyenne, physique sec enserré dans une chemise blanche impeccable­ment repassée, un nez romain, une peau mate trahissant ses origines algérienne­s. Visage fermé sous ses cheveux ras et grisonnant­s, blancs sur les tempes, il reconnaît en partie les faits. « Je n’ai jamais eu l’intention de la tuer. » Il est défendu par Me Michel Cardix. Près de quinze témoins vont se relayer à la barre durant le procès. Il reprendra aujourd’hui à 13 heures.

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