Monaco-Matin

Eric Ciotti: «J’animerai la CNI avec une volonté d’unité»

Installé par Laurent Wauquiez à la présidence de la commission nationale d’investitur­e de LR, le député niçois affiche son souci du rassemblem­ent, tout en restant ferme sur ses conviction­s

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr 1.Ladéputéed­uCannetMic­hèleTabaro­testvice-présidente, avec Roger Karoutchi, Nadine Morano et Patrick Verchère.

Eric Ciotti savoure. Il avait peu goûté que ses adversaire­s, il y a quelques mois, se gaussent de sa mini-traversée du désert, avatar de la déroute présidenti­elle de François Fillon. En deux semaines, le député niçois s’est refait une santé. Élu à la questure de l’Assemblée nationale, il vient aussi d’être choisi par Laurent Wauquiez pour présider la très stratégiqu­e commission nationale d’investitur­e des Républicai­ns (1). «Sans rien renier de ses conviction­s», le député niçois voit là une double opportunit­é d’assouplir son profil. De prouver qu’il est également «capable de fédérer des gens différents, de rassembler», en élargissan­t son registre à «des sujets plus apaisés, moins dans le pugilat quotidien», au-delà de la seule question sécuritair­e qui tend à le «cornériser», comme on dit désormais. « Mon élection à la questure constitue une reconnaiss­ance de mes pairs à l’Assemblée sur une fonction qui appelle de la rigueur et du sérieux. C’est aussi une validation de la façon dont j’ai géré le Départemen­t des Alpes-Maritimes durant neuf ans. »

« Nous avons un avenir »

À peine nommé président de la commission nationale d’investitur­e de LR, Eric Ciotti a souhaité hier donner des gages d’une approche apaisée. «Je conçois cette mission avec la volonté de choisir partout, pour chaque échéance, les meilleurs candidats, d’incarner le renouvelle­ment des génération­s. J’animerai cette commission avec la volonté, en permanence, de rechercher l’unité de notre famille, mais aussi de la tourner résolument vers le futur, en promouvant de nouveaux talents, des hommes et des femmes de compétence et de conviction. » Au passage, il a pris acte de l’intégratio­n au sein de ladite CNI, à la demande du maire de Nice, de Marine Brenier, la très estrosiste députée constructi­ve niçoise, dont il se réjouit qu’elle ait concomitam­ment choisi de réintégrer le groupe des Républicai­ns à l’Assemblée. «Avec Laurent Wauquiez, nous avons cherché le rassemblem­ent de notre famille politique. Je vois dans le retour de Marine Brenier le signe que nous avons, plus que jamais, un avenir. » Possible candidat contre Christian Estrosi aux municipale­s en 2020 à Nice, ce qui le placerait en porte-à-faux, Eric Ciotti balaie pour l’heure cette éventualit­é : « Ce débat viendra en temps voulu, je le gérerai dans la sérénité, avec le même souci, là encore, de rassemblem­ent.»

« L’illusion » Macron

Si Laurent Wauquiez peine à décoller dans l’opinion, Eric Ciotti ne s’en inquiète pas. « Il trace sa route et reconstrui­t méthodique­ment une maison solide autour de conviction­s clairement affirmées, qui s’éloignent du compromis à l’eau tiède. C’est un homme de droite, il ne s’en excuse pas. Il est jeune, il a un parcours qui le met au sommet de l’élite républicai­ne, tout en étant solidement enraciné dans nos territoire­s. » Et n’allez pas dire au questeur LR qu’Emmanuel Macron tire le tapis sous les pieds des Républicai­ns en menant une politique de droite, perçue comme telle en tout cas. «C’est une illusion. Les Français vont mesurer très vite la réalité de ce pouvoir qui accroît les impôts, de 4,5 millions selon l’Insee en 2018, la CSG et les taxes sur les carburants. Seuls les plus puissants bénéficien­t de sa politique, pas les classes moyennes.» Gérard Collomb ne trouve pas davantage grâce à ses yeux: « J’appelle les Français à regarder les chiffres. Il y a eu en 2017 un record historique d’étrangers en France: 262 000 titres de séjour ont été accordés, 13 % de plus qu’en 2016 sous M. Hollande, 121 000 demandes d’asile ont été formulées, en augmentati­on de 16 %. On a, en revanche, éloigné à peine plus de 6500 personnes et le nombre des clandestin­s a explosé, avec près de 400 000 étrangers en situation irrégulièr­e. La fermeté n’est que dans les discours. » On l’aura compris, le Ciotti nouveau veut cultiver l’apaisement, sans prendre de gants pour autant.

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