Eric Ciotti: «J’animerai la CNI avec une volonté d’unité»
Installé par Laurent Wauquiez à la présidence de la commission nationale d’investiture de LR, le député niçois affiche son souci du rassemblement, tout en restant ferme sur ses convictions
Eric Ciotti savoure. Il avait peu goûté que ses adversaires, il y a quelques mois, se gaussent de sa mini-traversée du désert, avatar de la déroute présidentielle de François Fillon. En deux semaines, le député niçois s’est refait une santé. Élu à la questure de l’Assemblée nationale, il vient aussi d’être choisi par Laurent Wauquiez pour présider la très stratégique commission nationale d’investiture des Républicains (1). «Sans rien renier de ses convictions», le député niçois voit là une double opportunité d’assouplir son profil. De prouver qu’il est également «capable de fédérer des gens différents, de rassembler», en élargissant son registre à «des sujets plus apaisés, moins dans le pugilat quotidien», au-delà de la seule question sécuritaire qui tend à le «cornériser», comme on dit désormais. « Mon élection à la questure constitue une reconnaissance de mes pairs à l’Assemblée sur une fonction qui appelle de la rigueur et du sérieux. C’est aussi une validation de la façon dont j’ai géré le Département des Alpes-Maritimes durant neuf ans. »
« Nous avons un avenir »
À peine nommé président de la commission nationale d’investiture de LR, Eric Ciotti a souhaité hier donner des gages d’une approche apaisée. «Je conçois cette mission avec la volonté de choisir partout, pour chaque échéance, les meilleurs candidats, d’incarner le renouvellement des générations. J’animerai cette commission avec la volonté, en permanence, de rechercher l’unité de notre famille, mais aussi de la tourner résolument vers le futur, en promouvant de nouveaux talents, des hommes et des femmes de compétence et de conviction. » Au passage, il a pris acte de l’intégration au sein de ladite CNI, à la demande du maire de Nice, de Marine Brenier, la très estrosiste députée constructive niçoise, dont il se réjouit qu’elle ait concomitamment choisi de réintégrer le groupe des Républicains à l’Assemblée. «Avec Laurent Wauquiez, nous avons cherché le rassemblement de notre famille politique. Je vois dans le retour de Marine Brenier le signe que nous avons, plus que jamais, un avenir. » Possible candidat contre Christian Estrosi aux municipales en 2020 à Nice, ce qui le placerait en porte-à-faux, Eric Ciotti balaie pour l’heure cette éventualité : « Ce débat viendra en temps voulu, je le gérerai dans la sérénité, avec le même souci, là encore, de rassemblement.»
« L’illusion » Macron
Si Laurent Wauquiez peine à décoller dans l’opinion, Eric Ciotti ne s’en inquiète pas. « Il trace sa route et reconstruit méthodiquement une maison solide autour de convictions clairement affirmées, qui s’éloignent du compromis à l’eau tiède. C’est un homme de droite, il ne s’en excuse pas. Il est jeune, il a un parcours qui le met au sommet de l’élite républicaine, tout en étant solidement enraciné dans nos territoires. » Et n’allez pas dire au questeur LR qu’Emmanuel Macron tire le tapis sous les pieds des Républicains en menant une politique de droite, perçue comme telle en tout cas. «C’est une illusion. Les Français vont mesurer très vite la réalité de ce pouvoir qui accroît les impôts, de 4,5 millions selon l’Insee en 2018, la CSG et les taxes sur les carburants. Seuls les plus puissants bénéficient de sa politique, pas les classes moyennes.» Gérard Collomb ne trouve pas davantage grâce à ses yeux: « J’appelle les Français à regarder les chiffres. Il y a eu en 2017 un record historique d’étrangers en France: 262 000 titres de séjour ont été accordés, 13 % de plus qu’en 2016 sous M. Hollande, 121 000 demandes d’asile ont été formulées, en augmentation de 16 %. On a, en revanche, éloigné à peine plus de 6500 personnes et le nombre des clandestins a explosé, avec près de 400 000 étrangers en situation irrégulière. La fermeté n’est que dans les discours. » On l’aura compris, le Ciotti nouveau veut cultiver l’apaisement, sans prendre de gants pour autant.