« On vise la gagne partout »
Homme du sérail, ingénieur de formation, Pierre Budar prend les rènes de Citroën Racing cette semaine en remplacement d’Yves Matton. Rencontre avec le nouveau chef de l’Armée rouge
Oui. Ma prise de fonction a été rapide. Jusque-là, j’ai enchaîné beaucoup de réunions et de rencontres, notamment avec mon prédécesseur (Yves Matton, ndlr). Maintenant débute en quelque sorte ma formation sur le terrain. Évidemment, je vais découvrir un certain nombre de choses lors de ce Rallye Monte-Carlo. Mais vous savez, l’équipe a préparé l’échéance comme il faut avant mon arrivée. Donc tout est en place.
Cette mission, comment l’envisagez-vous ? Quelle est votre priorité ? Ma préoccupation, c’est d’abord de faire un état des lieux. Voir ce qui fonctionne bien, ce qui marche moins bien. Évaluer les marges de manoeuvre possibles avant, peut-être, d’émettre des pistes d’optimisation. Une certitude, toutefois : nous avons une voiture, (Photos Jo Lillini et DR) Pierre Budar, ans, est le nouveau boss de Kris Meeke, le pilote de pointe de Citroën Racing qui a réalisé le chrono du shakedown, hier à Gap.
une équipe et des pilotes performants. Citroën Racing possède un long et riche passé en rallye. Tout cela nous donne des arguments pour bien figurer. Mais il faut continuer à travailler dur. Chercher à s’améliorer, toujours.
Quand on dit qu’Yves Matton est parti à cause du manque d’ambition de Citroën Racing, ça vous dérange ?
Moi, après nos récents échanges, j’ai plutôt l’impression qu’il est très content d’avoir reçu une telle offre de la FIA. Devenir le nouveau directeur des rallyes de la Fédération Internationale, c’est un challenge qui lui plaît, qui le comble, me semble-t-il. Posez-lui la question...
Avec seulement deux C WRC engagées à temps plein, la conquête d’au moins un titre mondial
est-elle possible ? Ce qui est clair, c’est qu’on a les moyens de viser la gagne partout, à chaque départ. Concernant le championnat constructeurs, bien sûr, nous détenons moins de cartouches que nos rivaux, dont certains qui aligneront parfois quatre autos. Mais il faut voir ce que l’avenir nous réserve. Lors de la prochaine manche, en Suède, il y aura une troisième C de pointe (pilotée par le Norvégien Mads Ostberg). Pour l’instant, notre accord ne concerne que cette course. Mais tout est possible ensuite. Quant au titre pilotes, ça dépendra de Kris (Meeke). Il a un programme complet. Treize rallyes. Donc autant de chances que ses rivaux de coiffer la couronne.
À propos de Kris Meeke, il porte une étiquette de bon metteur au point et de pilote aussi inconstant que rapide... À ans, peut-il encore se bonifier ? La C étant moins pointue à exploiter dans certaines conditions changeantes, comme ici, je pense qu’il aura un meilleur feeling cette saison. De quoi tutoyer la limite plus franchement, sans arrièrepensée. Ses sensations au volant vont jouer positivement sur son niveau de confiance, sur son moral, on l’espère. Nous ne nous sommes pas encore croisés depuis son retour du Dakar. Au-delà du fort éclairage médiatique que nous apportera sa présence, on va profiter de son immense expérience. Forcément. Sébastien a hâte de piloter en course les WRC actuelles. Et moi, je suis pressé de voir ce que nous pouvons réussir ensemble.