Assises: la rupture sentimentale avait fini en tentative d’assassinat
Xavier rentrait tranquillement d’une soirée avec sa femme. Il roulait entre Saint-Jeannet et Vence dans la nuit du 23 au 24 mai 2015. « Il faisait nuit noire quand, tout à coup, nous avons aperçu une personne courant vers notre véhicule, raconte le témoin à la Cour et aux jurés des Alpes-Maritimes. C’était une dame dont la tête était en sang. On a pensé à un accident. Elle a ouvert la portière et s’est assise sur mon épouse en hurlant : “il va me tuer ! ”, “il va me tuer !” ». Roger Lévy, 56 ans, un serveur au chômage, poursuit Valérie, la femme qui a mis un terme à leur liaison de cinq mois. Il hurle qu’il est armé, saisit le bras de sa victime et l’extrait du véhicule. Le témoin médusé appelle la gendarmerie. « Ça ne s’est pas du tout passé comme ça », réagit l’accusé. qui s’embrouille dans ses explications puis finit par admettre qu’il a menacé l’automobiliste. Le cauchemar de Valérie a, en réalité, (Photo Ch. P)
débuté vers 23h30 alors qu’elle rentrait dans son garage dans une résidence de Saint-Laurent-du-Var. Roger Lévy la guettait. Il lui a asséné de violents coups sur la tête avec un morceau de bois. Une clinique est située à deux pas mais l’accusé décide d’embarquer Valérie couverte de sang, victime de pertes de connaissance. Le cauchemar durera quatre heures. Quatre heures qui intriguent le président Patrick Véron. « Je me suis perdu », répète sans convaincre l’accusé. A l’arrivée aux urgences, Roger Lévy prétend avoir été témoin d’un accident. Une infirmière le confirme : « Il m’a demandé comment la victime s’appelait pour prendre des nouvelles par la suite. »
Effroyables blessures
L’urgentiste, lui, décrit d’effroyables blessures : « La peau du crâne était ouverte avec des lambeaux qui tombaient de part et d’autre. » « Des blessures qui sortent de l’ordinaire », confirme le professeur Quatrehome, médecin légiste. « Il y a au moins cinq à dix coups pour expliquer ces lésions. » Comment Roger Lévy, issue d’une famille très honorable de rapatriés d’Algérie, peut-il se retrouver dans le box des accusés pour une tentative d’assassinat, un enlèvement, une séquestration ? Troisième enfant d’une fratrie de quatre, il se décrit comme « calme, attentionné, gentil ».« Je ne supporte pas la solitude. J’ai toujours été entouré », explique-t-il au moment de l’étude de sa personnalité. « Ce qui est curieux, remarque le président Patrick Veron, c’est que vous n’avez rien construit hormis ce premier mariage qui se termine par une tragédie. » Son épouse et leur fille de 4 ans auraient fui en Israël. Depuis vingt ans, il n’a pas revu son enfant.
« Je ne suis pas un monstre »
« Ma dépression m’a cassé après cette histoire, se justifie l’accusé. Et c’est vrai que je m’accrochais ensuite quand une femme me plaisait. Je sais me montrer délicat. J’aime faire plaisir. La rupture, c’est vrai, j’ai du mal à l’accepter. » Sur le banc des parties civiles, Valérie écoute, effarée. Le 13 mai 2015, elle avait déjà reçu des coups. « Je ne suis pas un monstre ! », finitil par s’exclamer. « Ce qu’il m’a fait subir est monstrueux. On ne voit ça que dans les films d’horreur », lui répond en écho Valérie, profondément et durablement traumatisée. « Elle s’est vue mourir à plusieurs reprises. Désormais, tout est source d’angoisse », rappelle l’expert qui l’a examinée. Danny Borgogno, expert psychologue, s’attarde sur « l’immaturité » de l’accusé. « Je l’ai frappée me dit-il, mais pas trop fort. On est dans l’infantile. C’est une personnalité mal construite avec une problématique narcissique, un complexe d’infériorité. » « J’ai fait une bêtise », concède l’accusé en fin d’audience, comme pour confirmer le diagnostic du psychologue. « Les enfants font des bêtises, observe le président Véron. Vous, on vous reproche un crime. » Verdict aujourd’hui.