Monaco-Matin

L’agent de sécurité volait des tickets-restaurant pour manger

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Pour les vols en entreprise, le plus souvent on évite de porter ce genre de déviance devant la justice afin d’éluder une mauvaise image de la boîte. Mais au sein de « SBM Offshore », considéré comme le plus gros employeur privé de la Principaut­é, pas question d’étouffer l’affaire. Sept employés n’ont pas apprécié la disparitio­n de quelque soixantedi­x tickets-repas et ont déposé plainte pour ces vols commis sur leur lieu de travail, entre le 20 octobre 2016 et le 8 août 2017. Bizarremen­t, aucune des victimes n’étaient présentes à l’audience afin de se constituer partie civile. Peut-être pour ne pas accabler plus encore la personne identifiée ?

« Je me doutais bien que j’allais me faire prendre »

Un quadragéna­ire s’avance à la barre du tribunal correction­nel. C’est le coupable ! Cet agent de sécurité résidant au Cros-de-Cagnes a profité de ses fonctions lui permettant d’intervenir, la nuit, dans les locaux de l’entreprise pour opérer en toute tranquilli­té. Pas vu pas pris ? Le prévenu a sous-estimé le potentiel d’investigat­ion des enquêteurs de la Sûreté publique. Rapidement, grâce au pistage informatiq­ue, ils ont déjà une perception de l’aigrefin. Plus l’image ! Le soir du 3 août dernier, les limiers monégasque­s (Illustrati­on Archives NM)

voient apparaître sur les enregistre­ments de la vidéosurve­illance l’individu. Il s’affaire à écumer les bureaux à la recherche d’objets alors qu’il n’a aucune raison d’y pénétrer… « Plusieurs personnes ont remarqué que des tickets-restaurant leur appartenan­t disparaiss­aient de leurs tiroirs, rappelle le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e. Une victime indique aussi la soustracti­on d’une alliance… Pourquoi un tel vol ? » Le prévenu réfute aussitôt avoir extorqué l’anneau. En revanche, il reconnaît, sans réticence aucune, les faits pour les tickets. « Je vivais une mauvaise période, explique-t-il. Je n’avais plus d’argent pour vivre. J’avais faim. Alors je volais ces moyens de paiement pour manger. Je me doutais bien que j’allais me faire prendre un jour… »

« Une addiction de parcours »

C’est évident ! Même si le prévenu avait mis à profit sa parfaite connaissan­ce des modes de protection utilisés par les sociétés et opté pour un genre de chèque facile à écouler dans la plus parfaite discrétion. «Vos casiers sont vierges. Où en êtes-vous aujourd’hui ? », ponctue le magistrat. « Je vis chez ma frangine et je vois mon gamin de temps en temps. Je sors d’une dépression et je suis suivi médicaleme­nt. Je me sens prêt à repartir sur le droit chemin. Je suis désolé de mon comporteme­nt… » La soeur, présente dans la salle, témoigne, à l’invitation du président, du retour à la normale de son frère : « Il ne boit plus. Il a également rendez-vous prochainem­ent dans un établissem­ent spécialisé afin de poursuivre ses soins… » Sur un ton presque paternel, le premier substitut, Olivier Zamphiroff, propose de « considérer ce dossier comme une addiction de parcours. Ce n’est pas toutefois un patient, mais une personne qui doit répondre d’une faute pénale. Vous avez les conditions qui permettent au prévenu de poursuivre une vie sociale : pas de partie civile et primo-délinquant! Ne le barrez pas de la Société. » 5 000 euros d’amende avec sursis seront requis. Après en avoir délibéré, le tribunal relaxera le fautif pour le vol de l’alliance et le condamnera à une peine de 1000 euros d’amende avec sursis pour les autres faits.

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« Je n’avais plus d’argent (...) J’avais faim », a plaidé le prévenu.

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