Sainte Dévote et Louis (ou Ludovic) Bréa
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L’année dernière à la même époque, tout le monde a pu admirer en l’église Sainte-Dévote le retable de Louis Bréa, représentant la sainte patronne de Monaco. Cette oeuvre de 1517, prêtée par la ville de Dolceacqua, témoigne des liens très forts qui unissent la commune ligure et la Principauté. Elle fut en effet commandée par Françoise Grimaldi, fille aînée de Lambert et Claudine Grimaldi, dont l’union avec Luc Doria, Seigneur de Dolceacqua, marque le rapprochement entre les deux familles rivales. La Cathédrale de Monaco renferme aussi une oeuvre certifiée de Louis Bréa mais il s’agit du retable de Saint-Nicolas, qui fut payé par toute la population et terminé le 20 août 1500. En effet, à cette date, saint Nicolas est le saint le plus vénéré à Monaco. C’est le saint patron de l’église paroissiale. Sainte Dévote n’est pas encore la sainte protectrice des Monégasques. Sur le retable elle n’est représentée que sur un étroit bandeau latéral. Son culte se développera dans la seconde moitié du XVIe siècle, comme en témoigne le retable de Sainte Dévote, exposé aussi dans la Cathédrale et offert vers 1560-1570 par Isabelle Grimaldi épouse du Prince Honoré Ier. Mais il est l’oeuvre d’un peintre anonyme d’école ligure et non de Louis Bréa. Une autre oeuvre de 1505, attribuée à Louis Bréa, se trouve dans le déambulatoire de la Cathédrale : il s’agit de la Pietà Teste, du nom de son donateur le curé de Saint-Nicolas, Antoine Teste, représenté dans la partie inférieure du tableau.
Bréa, le peintre itinérant
Louis ou Ludovic Bréa était un peintre, né vers 1450 à Nice, célèbre dans la région liguro-niçoise. Il est le premier peintre à sortir des codes traditionnels du gothique pour faire entrer, par son influence, toute la région dans la voie de la Renaissance. On lui doit essentiellement des oeuvres religieuses présentant une étonnante finesse dans les détails. On trouve des oeuvres de Louis Bréa depuis Six-Fours dans le Var jusqu’à Gênes en Italie, en passant par Nice, Monaco, Taggia et Savone, car à cette époque les peintres étaient itinérants et se déplaçaient avec leur atelier là où leurs commanditaires les engageaient. Au XVe siècle, en effet, l’artiste ou l’artisan est tributaire des commandes privées émanant de rois, princes, seigneurs, riches bourgeois ou ecclésiastiques ou des commandes collectives émanant essentiellement des ordres religieux ou des confréries. Louis Bréa est mort vers 1523 probablement de la peste qui sévissait, cette année-là, à Nice. Ce peintre primitif [antérieur aux innovations de la Renaissance dans le domaine de la peinture occidentale, ndlr] niçois a joui de son vivant d’une grande réputation et reste une référence incontournable dans l’art religieux des XVe et XVIe siècles.