Bataille de chiffres autour du défilé hier à Ajaccio

Ils attendaient officiellement 8 000 à 10 000 manifestants. Finalement, à l’issue d’un défilé qui s’est déroulé dans le calme, les dirigeants nationalistes de Corse ont crié hier victoire et salué une «mobilisation énorme», « sans précédent ces dernières années» pour la manifestation qu’ils organisaient à Ajaccio : entre 22 000 et 25 000 personnes, selon eux. La préfecture en a dénombré, elle, quatre fois moins,

avec entre 5 600 et 6 000 manifestants. (1) Rassemblé derrière le slogan « Demucrazia è rispettu pè u populu Corsu » (« Démocratie et respect pour le peuple corse »), le cortège a été ouvert par des jeunes filles aux épaules recouvertes du

drapeau corse. Les manifestants ont notamment scandé « Vive la lutte d’indépendance!» ou « État français assassin ! ». Sur la voiture de

tête : une banderole «Amnistia

», référence à l’une des principales demandes des nationalistes, l’amnistie des «prisonniers politiques» (lire en pages suivantes).

Charles Pieri parmi les manifestants

Trois jours avant la visite d’Emmanuel Macron, une forte mobilisation et l’absence d’incidents étaient les deux enjeux majeurs pour les dirigeants nationalistes, afin de poser un rapport de forces avec l’exécutif et obtenir davantage dans de futures négociations. Pas sûr que les chiffres d’hier, aux yeux des autorités, permettent d’atteindre cet objectif. D’autant que la présence parmi les manifestants de Charles Pieri, exchef du Front de libération nationale corse (FLNC) pourrait « être utilisée par Paris pour mettre à distance un certain nombre des revendications nationalistes » , estime le politologue Xavier Crettiez.

1. Pour rappel, la population insulaire est de 330 000 habitants.

(Photo AFP) Le président nationaliste de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni (à gauche), et le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni (à son côté) étaient aux premiers rangs de la manifestation.