Monaco-Matin

Sanglant début d’année en région marseillai­se

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Un règlement de comptes mortel vendredi, deux personnes retrouvées calcinées, sans doute victimes d’un double homicide, samedi soir: Marseille et sa région connaissen­t une série sanglante depuis la fin de l’année dernière. Depuis Noël, cinq jeunes hommes ont perdu la vie dans de probables règlements de comptes dans la cité phocéenne. Le dernier a été abattu vendredi soir, au volant de sa voiture, dans l’est de la ville. Un véhicule brûlé avait été retrouvé près des lieux de la fusillade. Samedi soir, avec la découverte de deux morts, probableme­nt abattus avant d’être calcinés, sur un chemin près d’un parc d’attraction de Cuges-lesPins (Bouches-du-Rhône), à une trentaine de kilomètres de Marseille, un dossier supplément­aire est venu s’ajouter sur le bureau déjà encombré de la police judiciaire de la ville.

La lutte contre le trafic, « un travail sans fin »

Il était hier trop tôt pour avancer une quelconque piste, les victimes n’ayant pas été identifiée­s. Mais cette série éclipse déjà la relative accalmie constatée en 2017, avec 14 décès dans des règlements de comptes déplorés par la préfecture de police, contre 29 en 2016, une année noire. Ce mois-ci, la cité phocéenne a aussi déploré une fusillade mortelle à la kalachniko­v dans le quartier festif et central de La Plaine, et deux morts par balle dans des quartiers périphériq­ues. Chez les policiers, on craint une nouvelle poussée de violence, dans une ville qui reste une plaque tournante du trafic de cannabis, source importante de revenus dans plusieurs quartiers minés par la pauvreté. « Il y a tellement de sorties de prisons, et

tellement d’équipes prêtes à régler leurs comptes… », soupirait hier un policier marseillai­s. La lutte contre le trafic est «un travail sans fin», commentait mi-janvier une autre source policière.

Recomposit­ion du paysage criminel local

Après une série de succès policiers qui avaient amené à déjouer, de manière préventive, 12 règlements de comptes en 2016, puis deux l’année suivante, « on peut craindre que la recomposit­ion » du paysage criminel marseillai­s ne «se poursuive », ajoutait cette source. L’an dernier, plusieurs bandes criminelle­s avaient perdu des plumes, victimes de la vendetta entre trafiquant­s, ou sous les coups de boutoir de la justice. Chef présumé de l’un des clans les plus violents, Mehdi Remadnia, a ainsi été abattu à l’arme automatiqu­e il y a un an, tandis que parmi les procès les plus retentissa­nts, celui de la bande des

«Blacks», a conduit à prononcer un total de 107 années de prison contre 27 prévenus en novembre, et à mettre hors circuit les frères Ahamada, qui le dirigeaien­t. Mais la police a à l’oeil plusieurs anciens détenus, « impliqués dans le trafic et qui ont immédiatem­ent repris leurs activités », poursuit la source interrogée. Certains réseaux sont repris par des lieutenant­s, voire des petits frères de leurs dirigeants – dont certains continuent de tirer les ficelles derrière les barreaux. «Des différends datant de plusieurs années se soldent après la sortie de détention des protagonis­tes», relève-t-elle, s’inquiétant également de l’omniprésen­ce des armes, «quel que soit le niveau de trafic». Comme en témoigne la saisie, mi-janvier, de grenades, des armes de guerre pouvant être adaptées sur des fusils d’assaut, lors du démantèlem­ent d’un trafic dans une cité des quartiers nord, le Petit Séminaire.

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(Photo PQR/La Provence) C’est sur ce chemin, à deux pas du parc « OK Corral », que deux corps carbonisés ont été découverts samedi soir.

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