Monaco-Matin

La Corse a été « salie » par l’assassinat du préfet Erignac

Vingt ans, jour pour jour, après la mort du représenta­nt de l’Etat à Ajaccio, le Président Macron lui a rendu hommage au côté de sa veuve. Seul Jean-Guy Talamoni était absent

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Emmanuel Macron a adopté un ton ferme hier au premier jour de sa visite en Corse en excluant toute amnistie de prisonnier­s, l’une des revendicat­ions des responsabl­es nationalis­tes qu’il devait rencontrer dans la soirée. Le chef de l’Etat a également affirmé la nécessité de ménager un « avenir » à la Corse dans le « giron républicai­n », posant ainsi les termes du débat qu’il entend avoir durant les deux jours de sa première visite dans l’île. Il a affiché cette fermeté en prononçant un discours en hommage au préfet Claude Erignac sur les lieux où ce dernier a été assassiné il y a vingt ans à d’Ajaccio. Son assassinat par un commando nationalis­te « ne se justifie pas, ne se plaide pas, ne s’explique pas », aaffirmé Emmanuel Macron, qui s’exprimait devant quelque trois cents personnes. « La Corse, terre de fierté et de dignité, a été salie par ce crime », a poursuivi le président. Il s’est félicité que « la justice de la République » ait « pu être rendue » et a averti qu’elle serait « suivie sans complaisan­ce, sans oubli, sans amnistie ». Il a ainsi fermé la porte à l’une des principale­s revendicat­ions défendues par les deux dirigeants nationalis­tes de l’île, le président du Conseil exécutif Gilles Simeoni, présent à la cérémonie, et celui de l’Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, absent.

« Dialogue sans tabou »

Ces derniers n’ont pas immédiatem­ent réagi, dans l’attente de l’entretien qu’ils devaient avoir avec lui à la Collectivi­té territoria­le unique, à Ajaccio en début de soirée. Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni ont multiplié les déclaratio­ns ces derniers jours pour appeler le pouvoir à un « dialogue sans tabou », tout en insistant sur la nécessité de prendre en compte leurs revendicat­ions pour une plus grande autonomie, la co-officialit­é de la langue corse ou le statut de résident. « Il y a une fenêtre historique pour sortir de la logique de conflit », a estimé Gilles Simeoni, qui s’est toutefois inquiété, hier, dans Corse-Matin, de la présence « autour du président de la République de faucons qui campent sur un refus total de toute avancée et jouent la politique du pire ». Comme les trois députés nationalis­tes présents, Gilles Simeoni n’a pas applaudi le discours du président. Emmanuel Macron a dénoncé avec force la « lâcheté » des assassins du préfet, coupables d’« un de ces actes de terrorisme dont notre nation eut encore récemment à subir la barbarie », en faisant référence aux attentats djihadiste­s.

Discours aujourd’hui

En inaugurant une place Claude-Erignac sur les lieux de l’assassinat, « nous scellons notre union indéfectib­le dans la République », qui doit « ménager à la Corse un avenir à la hauteur de ses espérances, sans transiger avec les requêtes qui la feraient sortir du giron républicai­n », a-t-il insisté. Ce qui sera mené « sans faux semblants », « sans non-dits » et « sans détour », selon lui. Le chef de l’Etat prononcera aujourd’hui à Bastia un discours sur sa vision de la Corse. Il aura auparavant rencontré des élus des autres tendances politiques, comme le maire LR d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, et des membres de la société civile.

 ??  ?? La famille Erignac et Emmanuel Macron ont inauguré, hier à Ajaccio, une place portant le nom de l’ancien préfet. (Photo AFP)
La famille Erignac et Emmanuel Macron ont inauguré, hier à Ajaccio, une place portant le nom de l’ancien préfet. (Photo AFP)

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