Monaco-Matin

Un policier niçois incarcéré dans un dossier d’extorsion de fonds

Le fonctionna­ire de la police aux frontières et un de ses collègues parisiens sont suspectés d’avoir prêté main-forte à des voyous pour racketter un riche promoteur immobilier

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Deux policiers, des voyous et un promoteur immobilier passionné de philatélie, tels sont les protagonis­tes d’une affaire judiciaire qui vient de conduire jusqu’en détention un brigadier de police niçois. Ce dossier « sensible » a pourtant été initié dans la capitale en juin 2017. Une enquête préliminai­re avait alors été ouverte par le parquet de Paris pour des faits présumés d’extorsion de fonds. Elle s’est conclue en fin de semaine par un coup de filet mené conjointem­ent à Paris, dans l’Oise et sur la Côte d’Azur. Outre le fonctionna­ire de la police aux frontières en poste à Nice, un agent de la brigade anticrimin­alité (Bac) de la capitale, et deux figures du banditisme ont été placés en détention provisoire au terme de leur garde à vue. Tous les quatre sont mis en examen pour « extorsion en bande organisée et avec arme » ainsi que pour « détourneme­nt de finalité de données » a-t-on appris de source judiciaire. Las d’être pris pour une « vache à lait », un profession­nel de l’immobilier parisien avait fini par s’ouvrir des « pressions » dont il faisait semble-t-il l’objet depuis des années. Le promoteur aurait ainsi été racketté de plusieurs millions d’euros. Jusqu’à cette nouvelle tentative d’extorsion qui l’a amené à déposer plainte au printemps dernier.

, millions d’euros sur des comptes offshore

Cette fois il lui aurait été demandé de verser la bagatelle de 2,5 millions d’euros sur des comptes offshore. Les instigateu­rs de ce racket seraient des figures du grand banditisme. Deux d’entre elles, qui s’étaient semble-t-il déjà illustrées par le passé dans des affaires de braquage sur la Côte, ont ainsi été interpellé­es jeudi au petit matin. En même temps que les deux fonctionna­ires de police. Les investigat­ions portent évidemment sur les relations – a priori contre-nature – que ces hommes entretenai­ent. Le brigadier de police niçois serait suspecté d’avoir mis en relation les voyous parisiens avec un de ses collègues en poste dans la capitale. Ce dernier, brigadier-chef à la Bac de nuit, serait allé directemen­t au contact de la victime afin de la « convaincre » de payer la (Photo Jean-François Ottonello) somme qui, selon ses allégation­s, lui était réclamée. C’est en tout cas sur la base de ces accusation­s que les deux policiers et leurs présumés commandita­ires ont été incarcérés dimanche au terme de quatre jours de garde à vue. Le fonctionna­ire niçois a même eu droit à un rapatrieme­nt spécial en direction du palais de justice de Paris dans un Cessna de l’administra­tion.

Le juge Gentil désigné

Une informatio­n judiciaire a également été ouverte ce dimanche. Elle a été confiée au célèbre juge Jean-Michel Gentil, notamment connu pour avoir mis en examen l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencour­t. C’est désormais sous le contrôle de ce magistrat que vont se poursuivre les investigat­ions. Car l’enquête sur ces faits présumés d’extorsion de fonds serait loin d’être bouclée. Bien des zones d’ombre subsistent. Notamment concernant les raisons qui auraient pu conduire des fonctionna­ires de police à prêter mainforte à des voyous. Ainsi que sur les bénéficiai­res ultimes de ce racket.

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Le policier niçois mis en cause était en poste à la police aux frontières.

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