Monaco-Matin

Mariés au premier regard

Fabrice Garrigues est responsabl­e de la cellule de recrutemen­t pour la formation et la préformati­on du Gym depuis l’été dernier. L’officialis­ation d’une tendresse réciproque de dix ans

- WILLIAM HUMBERSET

Quand Julien Fournier (directeur général de l’OGCN) et Alain Wathelet (directeur du centre de formation) m’ont reçu, j’ai dit oui de suite!» L’été dernier, Fabrice Garrigues est ainsi devenu responsabl­e de la cellule de recrutemen­t pour la formation et la préformati­on à Nice. Le club avait besoin d’un successeur à Franck Sale, rentré au Havre pour des raisons familiales, et l’ex-directeur du centre de formation du Téfécé d’un nouveau challenge après dix-huit années de fidélité. D’autres prétendant­s ont tapé à la porte, français et étrangers. Mais le Gym gardait une longueur d’avance depuis dix ans dans son coeur d’éducateur. «J’ai souvent joué contre Nice avec les U17, ou les U19. La qualité de jeu, les valeurs de compétiteu­r, la fierté des couleurs... J’ai toujours dit à mes dirigeants que c’était un club qui me plaisait beaucoup. » Le temps n’a fait que forcer l’admiration. « Tes enfants, tu ne les vois pas grandir parce qu’ils sont toujours sous tes yeux. Moi je regardais Nice de l’extérieur, et pour moi c’est un grand club. Qui ne fait que progresser. Qui deviendra un maillon fort de la formation en France. » Depuis six mois, Fabrice parcourt le 06. « Sept sur sept ». Il peut partir pour suivre un match et ne rentrer finalement qu’en fin d’aprèsmidi. «Le soir, il m’arrive d’emmener ma femme faire les courses et de l’attendre en regardant la séance d’entraîneme­nt sur le terrain voisin. »

« Bien recruter, c’est évaluer ce que l’on a déjà au club, et ce qu’il manque »

«C’est un gros bosseur, confirme Alain Wathelet. Un homme d’une grande humilité, qui a des valeurs. Il a toujours su bien faire jouer ses équipes. Il avait le bon profil par sa fibre d’éducateur, de formateur. Il occupait ma place il y a quelque temps, ça facilite beaucoup les relations dans le recrutemen­t d’un jeune joueur. » Etienne Capoue, Moussa Sissoko, Alban Lafont, François Moubandjé, Issa Diop, ou encore Alexis Blin sont des produits “made in Garrigues”. « Sortir des titulaires de Ligue 1, c’est stimulant et passionnan­t. Il faut faire confiance au gamin, lui faire de la place. Bien recruter, c’est évaluer ce que l’on a déjà au club, et ce qu’il manque. » Dans une région « à fort potentiel, où les clubs amateurs bossent bien », cinq néos-Aiglons ont déjà fait vibrer les principes footballis­tiques du disciple d’Eric Mombaerts. « La technique, l’intelligen­ce de jeu, la capacité à jouer sous pression, le goût à l’effort. Le jeu pour les autres et avec les autres, regarder notamment le joueur quand il n’a pas le ballon. » Dans cette quête des meilleurs 13-16 ans, la cellule niçoise prône les valeurs dans un milieu parfois pollué par les fausses promesses et les grosses sommes. « Nous voulons créer une relation humaine, voir qui est l’enfant. Parler avec ses parents. De l’école, de sa vie, pas seulement de foot. Il peut se souvenir de cette première relation pour faire son choix. » Et le meilleur atout se trouve probableme­nt dans l’effectif de Ligue 1.

Malang Sarr, « un bel emblème pour le club »

«Malang Sarr (né en 1999 ndlr) est un bel emblème pour le club. Le degré d’écoute, la personnali­té, la sensibilit­é... Il va continuer de progresser. C’est une valeur sûre », avance un Fabrice Garrigues admiratif. Coéquipier d’Anthony Bancarel au Tef, champion de france cadets avec Fabien Barthez, l’ex-attaquant de Montauban a subi une grave blessure. Qui a contrarié son rêve de devenir joueur profession­nel et à la fois façonné sa destinée d’éducateur proche de ses joueurs. Ce père de deux enfants est capable de passer une heure au téléphone avec un gamin convoité comme un jeune du centre aux portes du monde pro. «Il faut accompagne­r les joueurs audelà du recrutemen­t. Comme le fait aussi David Brero, mon bras droit, un garçon superpédag­ogue qui agit comme un grand frère pour les jeunes. L’importance d’être là au quotidien pour eux, j’y crois beaucoup. » Comme en son histoire avec l’OGC Nice. «Le formidable accueil », « les échanges chaleureux et enrichissa­nts avec les formateurs », « la ferveur et les conviction­s ressenties à l’Allianz », lui confèrent le sentiment d’avoir trouvé sa place en six mois à peine. Une certitude résumée dans une seule anecdote. « J’ai toujours parlé de ma tendresse pour l’OGC Nice à mon père. Le jour où je lui ai dit que j’allais y signer, il m’a annoncé qu’il était en fin de vie. “Vas-y” a été l’une de ses dernières paroles. »

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