ANNIVERSAIRE Grenoble, ans après
Jean-Claude Killy, Marielle Goitschel, Alain Calmat, Franco Nones... Les gloires des JO de 1968 se retrouvent à Grenoble pour les 50 ans de l’événement
Les cheveux ont blanchi mais l’enthousiasme rayonne dans la bande des Français : « C’est comme si on s’était quitté la veille, malgré les difficultés de la vie », résume le roi Killy, triple médaillés d’or en descente, géant et slalom. « C’est toujours une émotion parce qu’on est copains », renchérit Marielle Goitschel, médaillée d’or en slalom. Les membres de cette équipe de France hors du commun menée par Honoré Bonnet se transposent un demi-siècle plus tôt, jour pour jour. Le 6 février, dans un stade éphémère comble de ses 65.000 spectateurs, le général de Gaulle prononçait son plus court discours : «Je proclame l’ouverture des 10e Jeux olympiques d’hiver de Grenoble ». Alain Calmat, patineur artistique et surtout le dernier relayeur de la flamme, revit ces 400 derniers mètres, cette rampe aux interminables petites marches, les « sept secondes » qu’il a volées pour lui seul face à la foule, au soleil couchant magnifique avant d’embraser la vasque et de faire exploser le stade. Reste la pulsation magnifiée dans ‘‘13 jours en France’’, le film des Jeux confié à Claude Lelouch. Parce qu’en France, « nation de coeur, ça gueule et c’est pas d’accord mais il y a toujours le coeur au bout », estime Marielle Goitschel, à la gouaille intacte.
Premiers Jeux télévisés et premiers tests antidopage
Les médias étaient présents en nombre à Grenoble, qui sont les premiers Jeux retransmis à la télévision en couleurs. L’ORTF assurera 52 heures de direct, la chaîne américaine ABC achètera les droits pour les Etats-Unis, une partie de l’Amérique du Sud et l’Australie, NHK pour le Japon. Au total, grâce à deux satellites, 500 millions de téléspectateurs peuvent suivre les retransmissions à travers le monde. Parmi les premières de ces Jeux, restent aussi les premiers tests antidopage et de féminité, la première identité visuelle globale, la (Photos AFP) première utilisation d’une mascotte (Dof, le dauphin officiel sera supplanté par Schuss). Et si le monde avait découvert Grenoble à cette occasion, la préparation des Jeux a été pour cette ville l’occasion d’une mutation spectaculaire.
La rumeur de Jeux trop chers
Un aéroport à 45 km de la ville, une gare en centreville, une mairie, un hôtel de police, un hôpital, l’ébauche du périphérique, une maison de la culture inauguré par André Malraux, un symposium d’art dans la ville : « Grenoble s’est projetée dans l’ère moderne » des Trente Glorieuses, dit avec le recul Jean-Claude Killy qui fut, dans ses autres vies post-ski, notamment président de la commission de coordination au Comité international olympique (CIO). Ces Jeux, restés parfois éloignés d’une population locale ouvrière et peu portée aux sports d’hiver, « ont souffert de la rumeur qu’ils avaient coûté trop cher » ,regrette d’ailleurs Killy. En budget global, insiste M. Cogne, « ces Jeux ont coûté 1,1 milliard de francs de l’époque soit 1,5 milliard d’euros actuels, dont 75% pris en en charge par l’Etat. Quand ont voit les baisses de dotation actuelles... » de kilomètres entre Dubaï et l’île artificielle de Palm Jumeirah, en battant au sprint le Danois Magnus Cort Nielsen et l’Italien Elia Viviani. Groenewegen a pris le maillot de leader.