Yves Bouvier auditionné pour escroquerie à Genève
Accusé d’avoir escroqué le président de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev, en s’octroyant des marges exorbitantes sur la vente de tableaux de maîtres – dont le fameux Salvator Mundi de Leonard de Vinci –, le marchand d’art suisse, Yves Bouvier, a été entendu par le parquet de Genève, qui a confirmé l’information, hier matin. Un entretien conclu par une «inculpation» (mise en examen) selon les avocats de Dmitri Rybolovlev. « Une noninformation», selon son avocat, Me David Bitton, qui a aussitôt dressé un écran de fumée. «Ces informations sont inexactes. M. Bouvier n’a pas été inculpé aujourd’hui», a-til avancé, avant d’ajouter: « M. Rybolovlev ne sait plus à qui vendre cette affaire, la seule chose qu’il a su vendre, c’est le Salvator Mundi, pour le reste, lui et ses avocats sont de très mauvais vendeurs. »
Des commentaires « déplacés »
Les avocats de Rybolovlev, qui avaient déposé cette plainte pour escroquerie en octobre dernier, n’ont pas souhaité faire de commentaires dans un premier temps, avant de se raviser face à la charge de Me Bitton. Me Hervé Temime a estimé que les commentaires de son confrère étaient «particulièrement déplacés», avant qu’un autre avocat des plaignants, l’Italo-suisse Carlo Lombardini, ne nous adresse un communiqué très axé sémantique. « Compte tenu des déclarations inexactes faites par la défense de M. Bouvier, les avocats des sociétés plaignantes confirment que M. Yves Bouvier a bien été auditionné ce matin (hier) par le procureur genevois, M. Yves Bertossa, en qualité de prévenu, suite à la plainte pour escroqueries et blanchiment d’argent déposée contre lui, comme l’indique clairement le procès-verbal de l’audience remis ce matin aux parties. Le droit de procédure suisse ne connaît pas l’institution formelle de “l’inculpation” ou de la “mise en examen”. C’est la qualité en laquelle une personne est convoquée et entendue par le procureur qui révèle son statut procédural et l’intensité des charges qui pèsent contre lui. Si les charges n’avaient pas été suffisantes, M. Bouvier aurait (Photos C.D. et J.-F.O.) été entendu en qualité de “personne appelée à donner des renseignements” et non en qualité de prévenu. » La bataille judiciaire entre Dmitri Rybolovlev et Yves Bouvier, débutée en 2015, a conduit à l’ouverture de procédures à Singapour, en Suisse ou à Monaco pour le volet le plus retentissant avec une instruction pour trafic d’influence. Au point, en septembre dernier, que le directeur des Services judiciaires, Philippe Narmino, a été invité à partir en retraite anticipée.