Un rideau de bambous anti-houle posé en mer
A 100 mètres de la côte, entre Villeneuve et Antibes, le conseil départemental fait tester un nouveau procédé anti-coups de mer. Une première mondiale en eau salée
Sous l’eau, on voit des troncs dressés verticalement à un mètre de la surface. A bord d’une minibarge métallique, trois plongeurs ont déjà immergé une cinquantaine de « panneaux » de bambous. Une première mondiale qui doit être expérimentée durant trois ans en mer près des plages de Villeneuve entre Marina baie des Anges et le Fort-Carré d’Antibes. Par une société azuréenne à la demande du conseil départemental.
Le constat
Depuis des années, les coups de mer rabotent progressivement le littoral, orienté à cet endroit-là plein Est, et donc exposé de plein fouet à la houle lors des intempéries. Grignotée au fil des années, la route du bord de mer est coupée plusieurs fois par an à cause des coups de mer. Elle se réduit d’ailleurs comme peau de chagrin à raison d’un mètre par an. De trois voies avec places de stationnement, la voilà aujourd’hui réduite à deux voies avec une piste cyclable. Les établissements de plage sont également régulièrement endommagés par les coups de mer. Depuis des années, les études se succèdent afin de trouver une solution, comme l’a rappelé hier sur place le maire de Villeneuve-Loubet Lionnel Luca. « Des solutions très onéreuses et peu efficaces », a souligné le maire d’Antibes Jean Léonetti. Même les enrochements ne suffisent pas à endiguer l’érosion.
La solution proposée
Et si, au lieu d’un endiguement rigide, et coûteux, on tentait une atténuation par une structure souple et écologique? Au lieu du chêne, le roseau, qui ploie, mais ne rompt pas, comme dans la célèbre fable de La Fontaine. C’est l’idée qu’a eu Pierre Farnole, ingénieur-conseil de l’ancien bureau d’études Eramm de Sophia Antipolis, en collaboration avec Alain Roussel, ex-ingénieur du CNRS.
La mise en place
L’Eramm avait participé aux études de solutions pour protéger la route. Le conseil départemental, responsable de la RD 6098 (ex-RN8) se heurtait toujours au coût d’une vingtaine de milions d’euros. Jusqu’à ce que son service des routes lui propose, en 2015, de tester le dispositif de bambous imaginé, puis breveté par Pierre Farnole et Alain Roussel. Un peu plus de deux ans plus tard, nous voilà à l’heure de l’installation et du test d’un prototype en mer. Grâce à un financement de 512 000 euros du conseil départemental initié du temps de la présidence d’Eric Ciotti et mis en oeuvre
sous l’actuelle présidence de Charles-Ange Ginésy qui s’est félicité hier de cette innovation qui «n’en doutons pas, sera couronnée de succès et qui sera sans doute adoptée sur d’autres côtes». Notamment les rivages corses, dont lui a parlé un ex-collègue député.
Lors de la présentation officielle, hier aprèsmidi, étaient également présents les députés Laurence Trastour et Eric Pauget, ainsi que plusieurs conseillers départementaux.