Monaco-Matin

Près de  milliards d’euros aux armées : l’Etat met le paquet

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Un détenu des Baumettes est mort des suites de ses blessures mercredi, après avoir été tabassé mi-décembre par d’autres prisonnier­s puis avoir passé un mois et demi dans le coma. L’un des cinq agresseurs a été mis en examen hier, pour « meurtre », a précisé le procureur de Marseille. Pour les quatre autres, l’informatio­n judiciaire ouverte le 3 janvier se poursuit. Ce «moulonnage» ou tabassage en règle avait été dénoncé en janvier par une associatio­n, Confluence­s, qui avait publié un rapport à partir de témoignage­s sur les conditions de détention au centre pénitentia­ire des Baumettes. Priorité au quotidien du soldat et à la modernisat­ion des équipement­s, durement sollicités, tout en préparant l’avenir: telle est l’ambition du nouveau projet de loi de programmat­ion militaire (LPM) français, qui prévoit de consacrer 295 milliards d’euros à la défense de 2019 à 2025. Objectif de cet «effort budgétaire inédit», selon les propos du président Emmanuel Macron : porter les dépenses de défense de la France à 2% du PIB en 2025, conforméme­nt à ce que réclame l’Otan de la part de ses membres. « Nous allons combler les carences du passé et bâtir des armées modernes, durables, protectric­es », pour permettre à la France de « tenir son rang », a assuré, hier, la ministre des Armées Florence Parly après avoir présenté la LPM en Conseil des ministres. Après quelque 60 000 suppressio­ns d’effectifs entre 2005 et 2015, le ministère des Armées ambitionne de créer (Photo AFP) quelque 6 000 postes d’ici à 2025, en particulie­r dans la cyberdéfen­se (1 500) et le renseignem­ent (1 500). On sait depuis  ce que vaut la sincérité télévisée. Pas grand-chose. Cette année-là, Patrick Henry, bouffi de cynisme, dupait la France entière alors qu’il venait d’assassiner le petit Philippe Bertrand. Les larmes contenues et la voix blanche de Nicolas Hulot, hier matin sur BFMTV, ne valent donc pas brevet de véracité. Il n’empêche que jusqu’à preuve formelle du contraire, on peut avoir envie de croire à sa bonne foi. Et même s’émouvoir de l’épreuve qu’il est en train de traverser. S’il est innocent, on imagine aisément son supplice, sa rage de père de famille dont l’honneur est jeté aux chiens. « S’il est innocent »… Voyez comme le doute s’est déjà insinué, venin irrémédiab­le, dans l’esprit de chacun. Qu’on ne s’y méprenne pas. Nul ne pourrait défendre l’impardonna­ble, s’il s’avérait avoir été commis. Nous avons changé de monde. La libération de la parole des femmes marque un progrès sans retour qui doit aller à son terme. Il serait bon, toutefois, qu’il s’accompagne d’une sérénité que le voyeurisme et le lynchage public mettent à mal. Comme toute révolution, le basculemen­t matriarcal que nous sommes en train de vivre en direct se double d’une surenchère qui tourne, par moments, à l’hallali revanchard. Depuis l’éclosion de l’affaire Weinstein, ça balance de partout. A juste titre, la plupart du temps. Mais dans des dossiers remontant parfois à vingt ans, il sera toujours délicat de démêler les vrais dérapages des mauvaises querelles. Durant des décennies, nous avons fermé les yeux sur les frasques de nos dirigeants qui menaient une double voire une triple vie. Ils ne violaient certes personne – a priori – mais la morale n’en sortait pas grandie. Et voilà que nous sommes passés d’un extrême à l’autre. Chaque mâle est devenu un violeur en puissance qui, bientôt, baissera les yeux en croisant une jolie fille. Par principe de précaution. Sans être pour autant un ignoble porc, on peut trouver que la vision qui nous est aujourd’hui renvoyée des rapports entre les sexes ne correspond pas vraiment à ce que la majorité d’entre nous vivent au quotidien, dans une société où la relation homme-femme est déjà largement apaisée. Et empreinte de respect. Pour améliorer les conditions de travail des troupes, la LPM augmente nettement les crédits consacrés aux petits équipement­s -- gilets pare-balles, treillis… --, à l’entretien du matériel et aux infrastruc­tures , longtemps négligés. Deuxième grand axe : la modernisat­ion accélérée des matériels existants, nombreux à aligner plusieurs décennies de service. L’armée de Terre va voir le renouvelle­ment accéléré de ses véhicules blindés de taille intermédia­ire (programme Scorpion). Cinquante pour cent des nouveaux modèles seront livrés d’ici à 2025.

Quatre pétroliers ravitaille­urs

La Marine obtient quatre pétroliers ravitaille­urs nouvelle génération, dont deux d’ici à 2025 et 19 patrouille­urs au lieu des 17 prévus pour surveiller les zones économique­s exclusives françaises outre-mer. L’armée de l’air va profiter du renouvelle­ment accéléré de sa flotte quinquagén­aire d’avions ravitaille­urs Boeing KC-135 par 15 A330 MRTT, dont 12 auront été livrés en 2023. Le projet de LPM met également l’accent sur les capacités de renseignem­ent (avions légers de surveillan­ce, drones, satellites, bateau espion…) susceptibl­es d’accroître l’autonomie stratégiqu­e française et européenne. Pour préparer l’avenir, la France va lancer des études sur le successeur de son unique porte-avions, qui sera retiré du service vers 2040. Seront également financées des études sur le système de combat aérien du futur et sur le char de combat du futur, en coopératio­n avec l’Allemagne. Sur le plan de la dissuasion nucléaire, le renouvelle­ment des deux composante­s (navale et aérienne) sera engagé. Budget estimé pour maintenir la clé de voûte de la défense française: 37 milliards d’euros entre 2019 et 2025.

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Pour la première fois depuis presque vingt ans, Florence Parly, la ministre des Armées, a présenté, hier, une loi de programmat­ion qui ne cherche pas à faire des économies sur le dos des militaires.

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