USA : les enfants adoptés en danger
MagazineM6 propose un numéro d’Enquête exclusive sur l’étrange marché aux enfants qui sévit outre-Atlantique
C aroline Amiard a réalisé, pour Enquête exclusive (M6), un sujet sur le parcours très éprouvant des enfants adoptés ou réadoptés par des familles successives aux États-Unis via des agences spécialisées. Les enfants y sont presque assimilés à des marchandises d’occasion.
Le sujet diffusé est dur à regarder. En atil été de même pour le réaliser ?
Oui, c’était un tournage émotionnellement compliqué. Le but est de remettre en perspective tout le système de l’adoption aux ÉtatsUnis. On se rend compte que c’est compliqué d’adopter, surtout des enfants plus grands qui ont vécu des traumatismes avec des familles biologiques défaillantes.
Pourquoi certains enfants sontils adoptés à plusieurs reprises ?
Parce qu’il arrive que des parents aient été mal sélectionnés par l’assistante sociale ou parce qu’ils n’étaient finalement pas capables d’adopter. Aux ÉtatsUnis, les lois sont différentes pour chaque État. Dans certains, il suffit de dix heures de formation pour adopter, qui ne se résument parfois qu’à un simple questionnaire sur Internet. Or, accueillir un enfant, c’est un peu plus complexe. Et, une fois l’adoption faite, les parents ne sont ni suivis ni aidés. Il n’existe pas de groupes de soutien qu’ils peuvent aller voir. Et les agences d’adoption ne répondent souvent pas.
Ces agences proposent les enfants sur Internet avec photos et tarifs. Ce sont presque des « occasions », comme il est dit dans le reportage…
Cela nous semble choquant, mais, aux ÉtatsUnis, c’est très courant. Les agences ne communiquent pas làdessus. Mais il faut comprendre que des ados ou des enfants ayant subi de multiples traumatismes n’attirent pas les parents. Alors on a besoin de montrer leur tête pour qu’on s’attache à eux et que des gens soient émus par leur histoire. C’est une chance pour eux de s’en sortir.
Pourquoi les agences n’en parlentelles pas ?
Parce que le sujet est décrié et tabou depuis trois ou quatre ans, après une série de reportages faits par l’agence d’information Reuters. Je n’ai d’ailleurs pu parler qu’à des parents qui ont choisi l’adoption il y a plusieurs années, mais pas à ceux qui la vivaient actuellement. Et ce n’est que depuis très peu de temps que l’État américain met en place des lois pour mieux préparer les parents.