Monaco-Matin

La justice traque le magot du casse du siècle en Corse

Jacques Cassandri, cerveau autoprocla­mé du casse de Nice, a-t-il blanchi son argent sur l’île de Beauté ? C’est ce que pense l’accusation. Plongée, hier à Marseille, dans les affaires du milieu

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

On se croirait dans la BD de Pétillon, L’Enquête corse. En moins drôle. Le tribunal correction­nel de Marseille a plongé, hier, dans les affaires corso-marseillai­ses. Ou comment le milieu infiltre l’île de Beauté pour blanchir son argent. Sauf que dans ce cas précis, cette oseille, les pépètes, le flouze, sont célèbres dans le monde entier. Ce serait en partie l’argent du casse de Nice de 1976. Vingt-sept millions d’euros dérobés à la Société générale, par les égouts, par Spaggiari, Cassandri et les autres. La justice pense qu’une partie pourrait se trouver en Corse (lire ci-dessous) et l’autre à Marseille. Hier, à la barre, ce fut une véritable immersion dans le monde interlope des affaires immobilièr­es du milieu. Jacques Cassandri n’a pas encore été entendu. Mais on a vu à la barre ses lieutenant­s.

« La traumatise­r »

Patrick Orlando, notamment. Treize condamnati­ons au casier judiciaire. Il s’est improvisé agent immobilier de Cassandri en Corse. « Je n’y comprenais rien, j’apprenais au fur et à mesure », a-t-il déclaré à la barre. Orlando n’a pas eu de chance. Plusieurs accidents du travail, juste après avoir été embauché dans des sociétés de Cassandri. La justice, elle, pense que tout ceci était organisé pour frauder Jacques Cassandri, au tribunal correction­nel de Marseille. La justice le suspecte d’avoir blanchi une partie du butin en Corse, et le reste à Marseille. (Photo Grégory Leclerc)

la sécu. Car pendant ce temps, Orlando jouait les chauffeurs et le porte-flingue de Cassandri en Corse. C’est ce qu’a sous-entendu le procureur de la République. Orlando nie, minimise son action auprès du cerveau autoprocla­mé du casse de Nice, parle de son épaule douloureus­e.

Sébastien Sorroche, quant à lui, réputé pour être un excellent tireur, était surnommé « Le Fumeur ». Plusieurs armes ont été retrouvées à son domicile. Pas un tendre selon l’accusation, même si son casier ne comporte aucune mention. Alors qu’une affaire de vente de terrain traîne en

longueur, Sorroche menace sur une écoute de « traumatise­r » la vendeuse pour obtenir la signature du compromis. « Elle a une tête à claques et il lui manque des claques. » Alors qu’un homme lui doit de l’argent il affirme qu’il va prendre son 4X4 et l’éventrer, lui « claquer la tête sur la table de la cuisine ». Ambiance. À la barre, tout ce petit monde présente pourtant bien. On croirait un ensemble de polyphonie­s corses en déplacemen­t. Pourtant la plupart, sont nés à Marseille, Fontenay-sous-Bois ou Aix et n’ont rien d’insulaire.

« Des prestation­s chimérique­s »

Christine Mée, présidente du tribunal correction­nel de Marseille, est circonspec­te. « Ons’y perd. Dans cette affaire, tout le monde cherche des terrains mais il n’y a pas grand-chose au bout. » Du racket alors ? La justice n’y croit pas. Elle estime plutôt que Cassandri et ses sbires encostumés, qualifiés de « petits caïds » et de « branleurs » par un acteur du dossier, cherchaien­t à s’immiscer dans les projets pour vendre d’improbable­s services. « Jacques Cassandri et son équipe ont manifestem­ent utilisé le contexte corse, leur relationne­l et leur notoriété pour asseoir des prestation­s chimérique­s en échange de versement de fonds. » Pendant ce temps, Cassandri investissa­it. Mais quel argent? Celui du casse de Nice ? Peut-être en saura-t-on plus aujourd’hui avec son audition. L’enquête corse continue.

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