Une partie du butin « au chaud » en Corse-du-Sud?
Outre Marseille, où il dispose de nombreux biens immobiliers, commerces de bouche, établissements de nuit, Jacques Cassandri a-t-il blanchi une partie du butin de 27 millions d’euros en Corse ? La justice le pense. Hier, François Mosconi, 74 ans, maire de Conca (Corse-du-Sud), a passé pour cette raison un sale quart d’heure à la barre. Cet ancien patron de Air Corsica (ex CCM Air lines) et ancien conseiller territorial est poursuivi pour trafic d’influence. Le maire de cette petite commune de 1000 habitants a eu toutes les peines du monde à justifier ses relations avec Cassandri, et à s’extirper des griffes du procureur de la République, Etienne Perrin. Ce dernier l’a confronté aux très nombreuses écoutes téléphoniques du dossier.
Le maire de Conca trahi par les écoutes
François Mosconi, dit « Fanfan » – déjà condamné pour prise illégale d’intérêt – est intervenu à plusieurs reprises pour faciliter les affaires de Cassandri. Il a eu beau prétendre à la barre qu’il n’a découvert le passé criminel de l’intéressé qu’en garde à vue, le procureur brandit une écoute. On y entend le maire expliquer à Cassandri, fiché au grand banditisme, qu’il cherche à se procurer le livre témoignage que le cerveau autoproclamé du casse de Nice vient de publier. Difficile, alors, d’ignorer qu’il était possiblement en possession d’une partie du magot.
Quand l’Élysée intervient...
« Fanfan » a eu également du mal à justifier son intervention lors d’un dîner parisien auprès d’un conseiller technique de l’Élysée, Abderrahame Dahmane, pour que Claude Guéant, alors secrétaire général sous Nicolas Sarkozy, favorise un projet immobilier à Conca, de 60 millions d’euros, soutenu par Cassandri. Une lettre vient attester que la faveur semble avoir fonctionné puisque François Mosconi en personne remercie Claude Guéant de son intervention. L’Élysée intervenant pour favoriser un projet financé, selon la justice, par le butin du casse du siècle, l’affaire ne manque pas de sel.
Un dessous-de-table à
On entend également le maire de Conca, se mêler d’un dessous-de-table de 100 000 euros dans une vente de terrain entre un émissaire de Cassandri et un vendeur. Mais aussi, à une autre occasion affirmer qu’il s’est occupé « le jour même » d’intercéder auprès de ses connaissances pour arranger les bidons d’un comparse de Cassandri jugé devant le tribunal d’Aix pour infraction à la législation sur les armes. La présidente du tribunal tique, malgré les dénégations du maire.
La justice saisit un terrain à plus de
La justice, elle, a saisi le terrain à bâtir de 600 000 euros situé à Conca, appartenant officiellement à la fille de Jacques Cassandri. Celui-là même qui a donné lieu au versement d’un dessous-detable de 100 000 euros. Le maire de Conca ne s’est d’ailleurs pas caché à la barre d’avoir réservé l’affaire à Cassandri. Mais il se défend d’avoir touché le moindre centime. José Allegrini, son avocat, rappelle le train de vie « très modeste » de son client et affirme que le maire de Conca a été instrumentalisé par le cerveau du casse du siècle.