LIGUE FÉMININE / CAVIGAL - AVEC L’ENTRAÎNEUR JIMMY VÉROVE DÉMISSIONNAIRE « De grands moments de solitude »
Inoubliable champion d’Europe avec Limoges en 93,
aurait sans doute aspiré à des débuts moins compliqués dans le métier d’entraîneur. Avec un bilan de 3 victoires pour 13 défaites à la tête du Cavigal Nice, il a préféré démissionner pour «tenter de créer un électrochoc» dans le groupe niçois. Le basket azuréen voit partir sous d’autres cieux une figure du basket français. Jimmy Vérove a été engagé comme assistant-coach par l’Elan Bénarnais Pau-Orthez (Pro A masculine). Juste avant de prendre la route pour le Béarn, avant-hier, il a bien voulu se confier sur les raisons d’une greffe manquée.
Pourquoi cette décision de démissionner ? Je ne souhaite que de belles choses au Cavigal. J’ai pris mes responsabilités car j’étais arrivé au bout du bout de ce que je pensais pouvoir faire pour aider l’équipe. Il n’y avait pas les moyens d’apporter des retouches à l’effectif et j’ai pensé que la seule option capable de créer pourquoi pas quelque chose, c’était mon départ. Ce n’est pas une décision facile… Je l’ai prise en parfait accord avec le président Lecerf. Avant de faire mes valises, j’ai passé une journée à enlever mon matériel, seul, à Leyrit. Cela procure un sentiment bizarre. Peutêtre que mon départ peut créer un électrochoc, que cela va enlever de la pression aux joueuses… J’ai du respect pour les gens, y compris pour ceux qui ne me voulaient pas forcément du bien à Nice. J’ai été éduqué par le père Vérove. Ma plus belle récompense serait de voir le Cavigal gagner quelques matches et s’en sortir.
Il semble que le départ de Joyce Cousseins-Smith après journées n’ait jamais été vraiment compensé... Quand Joyce est parti, j’ai commencé à sentir que ce serait difficile (...). Le fait qu’il n’y ait pas d’argent du tout, en effet, c’est un problème. Mais ça l’est beaucoup moins si vous sentez autour de vous une entité prête à échanger, discuter, chercher des solutions. Avec moi, je n’ai pas senti que c’était le cas. J’ai quand même vécu de grands moments de solitude. Quand vous vous retrouvez seul, c’est délicat, vous ne pouvez même pas vous engueuler avec quelqu’un, sauf avec vousmême ! J’espère que le Cavigal sera en mesure de se structurer… Je pars en laissant deux amis, Wani (Muganuzi, qui était son coach adjoint et reprend l’ équipe) et Eugénie (Cochet, bénévole du club), une personne formidable, dévouée, sincère.
En arrivant l’été dernier, vous sembliez pourtant former un tandem solide (Ph. F. Fernandes)
avec le nouveau président Lecerf-Galle... Je pense que si Xavier avait connu en détail la situation financière catastrophique du club avant son arrivée, il ne m’aurait pas fait venir. On se sépare en très bons termes. Je n’ai pas réussi à créer l’alchimie dans le groupe, il a manqué peu de choses, un ou deux apports, un peu de talent supplémentaire, pour permettre au groupe de reprendre confiance et de repartir de l’avant … Je quitte une région magnifique, j’ai rencontré des personnes enrichissantes. Je ne retiens que le positif. Rien n’est grave tant que la santé est là. Cet échec me servira j’en suis convaincu. Je pars pour rien, pas un centime. L’agent n’a jamais guidé mes choix. Quand vous êtes payé euros par mois plus les frais comme c’était mon cas au Cavigal et que les études de votre fils vous coûtent euros par mois, c’est bien la démonstration que vous n’êtes pas venu pour une affaire d’argent. Seul le challenge sportif et humain m’intéressait. J’ai beaucoup appris alors qu’en arrivant, je ne connaissais rien. Il aurait été important que je choisisse mon effectif et que l’on fasse passer des examens médicaux poussés aux joueuses. C’est difficile de travailler avec certaines de vos cadres qui sont diminuées. Les problèmes de genou, avec l’âge, en général ça ne s’arrange pas... La formation aussi n’est pas à la hauteur des attentes. J’ai obtenu difficilement que des joueuses du centre s’entraînent avec nous. Depuis ans, le Cavigal n’a pas sorti une seule joueuse de haut niveau. Il faut aussi se poser les bonnes questions. Laurent est un battant, un passionné, un perfectionniste, on se connaît et s’apprécie depuis ans. Je me réjouis de travailler à ses côtés et à son service. J’ai un peu l’étiquette CSP collée à ma peau, il va falloir que je cache le logo sur mes survêtements (sourire)...