À Pyeongchang, le prince Albert II se confie
Dans un entretien réalisé au village olympique, à l’issue de la course du skieur monégasque Olivier Jenot, le prince Albert II livre ses premières impressions sur ces JO d’hiver à Pyeongchang
Présent en Corée du Sud pour suivre la délégation monégasque, le souverain revient ici sur la 132e session du Comité international olympique à laquelle il a pris part juste avant les Jeux. Il se confie également sur le formidable message d’espoir et de paix véhiculé pour les deux Corées et sur la prestation du premier athlète « rouge et blanc » en lice.
L’affaire des athlètes russes dopés était notamment au programme de la e session du CIO à laquelle vous avez pris part. Qu’en retenez-vous ? Cette session a permis notamment de faire le point, avant les Jeux sur l’affaire de dopage des athlètes russes qui a mobilisé beaucoup de personnes, juristes, experts médicaux et autres administrateurs de différents organismes. C’est un dossier extrêmement complexe qui a connu une prolongation jusqu’au premier jour des Jeux pour traiter des appels. Des athlètes ont utilisé jusqu’au bout tous les recours qu’ils avaient à leur disposition pour participer aux JO. Il fallait expliquer la démarche adoptée par les enquêteurs et les différentes commissions qui se sont occupés de ce dossier. Il était important d’avoir ces éclaircissements et ce panorama complet. Les discussions ont parfois été assez vives entre les membres du Comité international olympique pour bien préciser les choses. En tant que président de la Commission durabilité et héritage du CIO, êtes-vous intervenu dans le cadre de l’agenda ? Durant cette session, plusieurs rapports de commissions du CIO ont été présentés. Dans ce sens, un point d’étape important concernait l’avancement et la mise en action de l’agenda (ndlr : voté à Monaco en , lors de la e session). Le décembre, j’avais exposé un rapport sur la durabilité. J’ai eu l’occasion de le faire ici sur l’héritage, avec tout ce que nous suggérons de mettre en oeuvre pour inciter à avoir une plus grande prise de conscience en terme d’héritage pour les différents comités d’organisation des futurs Jeux. Tout ceci dans le but d’optimiser les impacts positifs, minimiser ceux qui sont négatifs et encourager un changement positif et des legs sur les plans social, économique et environnemental.
Vos premières impressions sur ces Jeux de Pyeongchang ? Elles sont positives. D’un point de vue technique, tout ce qui est mis à la disposition des athlètes et des délégations (conditions d’entraînement, différents sites, etc.) est de très bonne qualité. Il faut saluer le travail de nos amis coréens, tout comme leur accueil. Pour les sports de plein air, les conditions météorologiques sont un peu difficiles. On a connu cela également pour d’autres Jeux. Il faut s’armer un peu de patience. Sur la quinzaine des Jeux, on a des jours de réserve. J’ai eu l’occasion de m’entretenir à ce sujet avec GianFranco Kasper, président de la FIS (Fédération internationale de ski). Il est assez confiant pour que les différentes échéances puissent être tenues et que le programme complet de ski se déroule bien jusqu’à la fin des Jeux. Il y a le froid aussi, non seulement pour les athlètes mais aussi pour leur entourage et les spectateurs, qu’il faut appréhender au mieux.
L’image qui vous a le plus marqué ? Même si ces Jeux se sont présentés dans une ambiance un peu particulière avec les tensions politiques que l’on connaît, une très belle démonstration a été faite lors de la cérémonie d’ouverture avec le défilé des deux Corées unies sous le même drapeau. C’était important de le faire ici. (ndlr : lors d’autres Jeux, la Corée du Nord et la Corée du Sud avaient déjà défilé sous la
même bannière). Cet échange et cette représentation au plus haut niveau de l’Etat nord-coréen ont été également appréciés des Sud-Coréens. C’est un formidable message d’espoir et de paix qui nous a été donné et qui marquera incontestablement ces Jeux. L’olympisme sert de plateforme idéale pour une meilleure entente.
Un mot sur le résultat d’Olivier Jenot en combiné alpin ? Il a signé une très belle épreuve. Il avait à coeur de bien terminer
Inciter les futurs organisateurs de JO à une plus grande prise de conscience ”
Le résultat d’Olivier Jenot ouvre la voie à nos autres athlètes ”
cette course. Il s’était fixé comme objectif d’être dans les premiers, le pari est donc tenu. Il a démontré de très belles qualités. Il a su bien gérer les deux manches, dans des conditions pas évidentes. Je suis très heureux et très fier de lui. Il ouvre la voie à Alexandra Coletti (ski alpin) et aux bobeurs Rudy Rinaldi et Boris Vain pour qu’ils fassent aussi bien, sinon mieux.
En tant qu’ancien pilote de bobsleigh, votre sentiment sur la piste de Pyeongchang ? J’ai eu l’occasion de voir quelques images lors de son élaboration et de sa préparation en amont. Je ne peux pas dire que je la connaisse sous tous ses angles. Mais de ce que j’ai pu voir, c’est un tracé qui m’aurait plu.